Le second mandat de Macron est « un naufrage », tacle Manuel Valls
POLITIQUE – Qu’arrive-t-il à Manuel Valls ? D’habitude si modéré, l’ex-Premier ministre s’illustre ces derniers jours par des déclarations particulièrement virulentes à l’égard d’Emmanuel Macron. Fin octobre, il fustigeait la « mesquinerie » et le « cynisme » du chef de l’État, qui l’a écarté du gouvernement après neuf mois au ministère des Outre-mer.
Ce dimanche 16 novembre, il y va encore plus fort. Invité de Radio J, Manuel Valls a expliqué que le deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron « est difficile, c’est le moins qu’on puisse dire ». Ajoutant aussitôt : « C’est même un naufrage. » L’homme est amer de ne pas avoir poursuivi sa mission aux Outre-mer et ne digère pas d’avoir été remplacé par une néophyte, Naïma Moutchou, alors qu’il était convaincu de commencer à dénouer la crise en Nouvelle-Calédonie.
« Je suis en colère, je suis indigné. Le travail était fait et reconnu donc c’est difficile de comprendre », s’agace-t-il. L’ancien Premier ministre de François Hollande tente d’expliquer les raisons de sa non-reconduction. « Peut-être qu’Emmanuel Macron et Sébastien Lecornu n’ont pas apprécié que je réussisse là – en Nouvelle-Calédonie, mais pas seulement – où ils avaient échoué », ironise-t-il. De fait, bien qu’il ait été fragilisé depuis, l’accord de Bougival avait été signé en juillet avec l’ensemble des forces politiques calédoniennes sous son égide.
Manuel Valls entretient une relation particulière avec Emmanuel Macron. C’est l’ancien Premier ministre qui l’a nommé dans son gouvernement, au ministère de l’Économie, en 2014. Dix ans plus tard, les choses se sont inversées. Et entre les deux hommes, il a toujours existé quelques nuances, quelques divergences de vue. Dernièrement, c’était sur la reconnaissance de l’État de Palestine, enclenchée par Macron mais sévèrement jugé par Valls. « Peut-être que le président de la République n’a pas apprécié que j’intervienne au sein du Conseil des ministres au mois de juillet sur la reconnaissance de l’État palestinien », confie-t-il aujourd’hui.
La réélection du président en 2022 « était quand même incroyable », explique-t-il, « mais elle n’a pas permis de donner sens au deuxième quinquennat ». « La dissolution est une erreur que lui paye, mais que nous payons, que les institutions, la démocratie payent et on voit bien que ça crée des conditions d’instabilité », estime-t-il aussi, évoquant une « crise de régime, une crise démocratique ».


