Le socle commun autour de Bayrou en pleine explosion ? Le doute s’installe chez les députés
POLITIQUE – « Y a comme un goût amer en nous ». Six mois après l’arrivée de François Bayrou aux commandes de Matignon, le socle commun sur lequel repose la légitimité du gouvernement semble proche de vaciller. Les votes des dernières semaines à l’Assemblée sont à cet égard un bon indicateur des tensions. Comme l’ont récemment montré les projets de loi simplification ou énergie, les LR comme Horizons n’hésitent plus à faire bande à part, loin de Renaissance, quand il s’agit de prononcer sur certains textes de loi.
Les députés eux-mêmes le disent : « le socle commun a un peu du plomb dans l’aile », reconnaissait ainsi la députée macroniste Nicole Dubré-Chirat cette semaine. Les troupes Renaissance, condamnées à regarder le bilan écolo du premier mandat d’Emmanuel Macron se déliter, sont particulièrement remontées contre les LR auxquels Éric Ciotti fait désormais les yeux de Chimène.
Dans la droite ligne de Gabriel Attal ce week-end dans Le Figaro, le vice-président du groupe EPR à l’Assemblée, Pieyre-Alexandre Anglade, fustige à nouveau ce jeudi 26 juin sur LCP un « socle commun aujourd’hui [qui] est plutôt entre le RN et LR avec un trait d’union qui s’appelle l’UDR ». Et le député de reprendre également la formule désormais consacrée selon laquelle il y a plus de choses qui séparent le parti de Bruno Retailleau et celui de Gabriel Attal, qui les rassemblent.
Du côté des troupes de Bruno Retailleau, l’heure est plutôt à l’esquive. « Nous sommes entrés au gouvernement (…) pour doter le pays d’un budget (…) et pour nous éviter un gouvernement de gauche », résumait sur TF1, le président LR du Sénat, Gérard Larcher. Pas vraiment de quoi regarder vers l’avenir.
Horizons prêt à lâcher le gouvernement Bayrou ?
Au sein d’Horizons, on se montre encore plus sévère sur la situation. Au profit d’un rapprochement avec LR avant 2027 ? Édouard Philippe, président d’Horizons estimait de toute façon cette semaine qu’il « n’y a pas de socle commun », analysant dans la foulée : « Cette coalition (…) se délite à chaque vote compliqué. Ce sont les deux extrêmes, en réalité, [qui] donnent la tonalité ». Si bien que ses troupes pourraient décider de faire sécession. « On pourrait marquer une certaine distance en restant soutien sans participer au gouvernement », envisageait sur Public Sénat, ce jeudi le ministe Horizons, Frédéric Valletoux, pointant la méthode de François Bayrou, qu’il appelle à un « sursaut ».
De fait, au milieu des flèches que chacun décoche à l’endroit des autres, le Premier ministre fait office de véritable épouvantail, jugé particulièrement responsable du délitement actuel. Auprès du Monde, de nombreux élus pointent son manque de « pilotage » et de concertation avec les députés. Le groupe vit mal, et le Premier ministre se retrouve d’autant plus affaibli que son impopularité atteint des sommets ainsi que l’a encore montré le baromètre YouGov pour Le HuffPost au début du mois.
Dans ce contexte, le maintien de François Bayrou peut même interroger. Outre que 2027 est encore loin, être celui qui jettera la première pierre à la stabilité institutionnelle ne sera pas sans coût. Comme l’esquisse d’ailleurs Gabriel Attal, dans Le Monde ce jeudi : « Le socle commun, c’est surtout un point commun, vouloir la stabilité gouvernementale en France ». Jusqu’à quand ?