Le témoignage déchirant de ce sénateur « traumatisé » à Mayotte
MAYOTTE – Le pire reste à découvrir à Mayotte, quatre jours après le passage du destructeur cyclone Chido. Pour l’heure, les autorités dénombrent officiellement 21 morts à l’hôpital et le préfet local a mis sur pied une « mission de recherche des morts ». Les secours s’organisent pour retrouver des survivants dans les décombres et de premières évacuations ont eu lieu lundi 16 décembre. Le sénateur (RDPI) de Mayotte, Saïd Omar Oili, qui a sa famille sur place, est profondément marqué, à titre personnel.
Alors qu’il se trouvait encore dans l’Hexagone, le sénateur était au téléphone avec ses petits-enfants lorsque la toiture de leur maison s’est envolée. Il se dit « traumatisé » d’avoir entendu leurs cris à ce moment-là. Il les a rejoints lundi dans l’après-midi, souligne Public Sénat.
Sur place, il a constaté la désolation. « Ce qui est le plus marquant, c’est le silence dans des quartiers qui étaient pleins de vie jusque-là », a-t-il témoigné.
La crainte d’avoir « perdu » une génération
Mayotte, département le plus pauvre de France compte officiellement 320 000 habitants, « mais on estime qu’il y a 100.000 à 200.000 personnes de plus, compte tenu de l’immigration illégale », a déclaré à l’AFP une source proche des autorités, qui estime que peu d’habitants en situation irrégulière ont rejoint les centres d’hébergement avant le passage du cyclone, « sans doute de peur d’être contrôlés ».
« Tous les bidonvilles sont couchés, ce qui laisse augurer un nombre considérable de victimes », a ajouté cette source. Ainsi, les secouristes s’attendent à trouver de nombreuses victimes dans les décombres des bidonvilles très peuplés, notamment dans les hauteurs de Mamoudzou.
Saïd Omar Oili redoute que son île ait désormais « une génération perdue ». « 77 % de la population vivent sous le seuil de pauvreté. Ils ne pouvaient se mettre à l’abri. Combien d’enfants ont perdu leurs parents ? Les écoles sont détruites. Les enseignants qui ont perdu leur maison ne reviendront peut-être pas », s’inquiète-t-il.
« L’île est détruite à 90 %. L’eau et la nourriture vont manquer. Il n’y a plus d’électricité. 51 des 54 pylônes Orange sont endommagés. Il y a un risque d’épidémie de choléra. Il faut absolument éviter que la crise sanitaire se transforme en crise sécuritaire. Si la population n’a plus rien à manger, ça va entraîner des pillages », poursuit Saïd Omar Oili.
Un bilan qui va mettre du temps à être établi
Selon Florent Vallée, de la Croix-Rouge française, « des familles entières » et « beaucoup d’enfants mineurs seuls » et « délaissés » vivaient dans les bangas, ces petites maisons traditionnelles désormais détruites.
« Il va falloir des jours et des jours » pour dresser le bilan des victimes a confirmé le ministre de l’intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau à son arrivée à Mayotte, lundi matin, avec son collègue des Outre-mer, François-Noël Buffet, et le mahorais Thani Mohamed Soilihi, secrétaire d’État chargé de la francophonie et des partenariats internationaux.
Les autorités redoutent « plusieurs centaines » de morts, peut-être « quelques milliers », mais Bruneau Retailleau s’est refusé à tout « pronostic », soulignant qu’il « faudra des jours et des jours » avant d’avoir un réel bilan.
Le décompte est compliqué par le fait que Mayotte, est une terre de forte tradition musulmane et que, selon les rites de l’islam, de nombreux défunts ont vraisemblablement été enterrés dans les 24 heures suivant leur décès.
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