Politique

Les agriculteurs mettent leurs menaces à exécution contre les députés qui ont voté la censure

AGRICULTURE – Des permanences murées, peinturlurées ou recouvertes de fumier, dont celle de l’ancien président François Hollande : des agriculteurs ont directement interpellé les députés ayant voté la motion de censure, ce vendredi 6 décembre. La chute de Michel Barnier et de son gouvernement laisse suspend la concrétisation des promesses faites au secteur, et relance sa colère exprimée depuis plus d’un an.

« On vient murer symboliquement la permanence. Il (Hollande) est sur un territoire rural. S’il ne veut pas défendre ses agriculteurs, son territoire, il n’a pas besoin d’une permanence en Corrèze », a déclaré Emmanuel Lissajoux, président de la branche départementale de la FNSEA, accompagné d’une trentaine de militants de son syndicat et des Jeunes agriculteurs.

Comme vous pouvez le voir sur les photos ci dessous, partagées sur X par la FDSEA, la plaque de l’ancien président a également été retournée, un symbole qui rappelle celui des panneaux des communes retournés depuis des mois par les agriculteurs.

« Ça va retarder toutes les avancées obtenues », a ajouté Emmanuel Lissajoux. « En faisant tomber le gouvernement, ils ont fait tomber ces mesures quasiment acquises, négociées ces dix derniers mois ». Les projets de budget 2025 et celui de financement de la Sécurité sociale contenaient en effet des mesures réclamées par les syndicats agricoles (allègements fiscaux et du coût du travail des saisonniers, annulation de la hausse de la fiscalité sur le gazole agricole…).

Pour cette raison Quentin Le Guillous, secrétaire général des Jeunes agriculteurs (JA), a appelé vendredi les membres du réseau FNSEA-JA « à aller à la rencontre de tous les députés pour demander des comptes » après la censure du gouvernement, comme l’avait fait mercredi son partenaire Arnaud Rousseau, président du syndicat majoritaire FNSEA.

« RN, NFP… On ne fait pas de traitement de différence »

Le mouvement s’est pour l’instant concentré en Nouvelle-Aquitaine. Dès jeudi soir, les permanences des trois députés de Charente-Maritime -Fabrice Barusseau (NFP) à Saintes, Benoît Biteau (Verts-NFP) à Rochefort et Pascal Markowsky (RN) à Royan- ont été visées, selon la préfecture, qui évoque « le déversement de déchets, l’inscription de tags et l’utilisation de mousse expansive pour sceller l’entrée des locaux ».

« On s’est attaqué aux députés qui ont voté la motion de censure et qui foutent en l’air tout le travail fait jusqu’à présent pour les agriculteurs », a précisé à l’AFP Cédric Tranquard, président de la FDSEA de Charente-Maritime. « RN, NFP… On ne fait pas de traitement de différence, on ne fait pas de politique, nous », a-t-il ajouté.

Pascal Markowsky (RN) a dit sur X comprendre « la détresse des agriculteurs, confrontés à des difficultés sans précédent » et entendre « leur désespoir ».

L’écologiste Benoît Biteau a, lui, fait part de son incompréhension, rappelant que quand il était eurodéputé, son surnom était « Monsieur Niet », en référence à son opposition systématique à l’accord de libre-échange avec le Mercosur sud-américain, conclu vendredi par l’Union européenne au grand dam du monde agricole.

Deux autres figures, comme lui, de l’opposition aux projets de mégabassines pour l’irrigation agricole, les députées écologistes Delphine Batho (Deux-Sèvres) et Lisa Belluco (Vienne), ont également été prises pour cible.

Peinture et dépôt de fumier

Même colère mêlée de dépit en Dordogne ou encore en Charente, où des agriculteurs ont visé vendredi à coup de peinture blanche ou de dépôt de fumier les permanences de René Pilato (NFP), Caroline Colombier (RN) et Sandra Marsaud (Renaissance), avant d’échanger, dans le calme, avec les élus présents, comme vous pouvez le voir dans le vidéo ci-dessous de nos confrères de France Bleu.

« Les élus nous passent toujours la main dans le dos pour dire qu’ils soutiennent l’agriculture », mais ils ont « laissé tomber » un budget qui « prévoyait des prêts garantis par l’Etat pour les agriculteurs en difficulté et une augmentation des petites retraites agricoles », a déploré Christian Daniau, président de la chambre d’agriculture de la Charente (FNSEA).

« Le budget est bloqué mais le salaire des fonctionnaires va se poursuivre, le versement des retraites aussi (…) Aujourd’hui, il n’y a qu’une seule profession qui est pénalisée : la nôtre. Ça ne dérange personne qu’un pauvre retraité agricole ne gagne rien, et qu’un agriculteur après une année calamiteuse ne se verse pas de salaire », a-t-il ajouté.

À voir également sur Le HuffPost :

La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous.