Les écoliers français ont-ils (vraiment) plus de vacances que les autres ?

POLITIQUE – Le retour d’un serpent de mer. Ce vendredi 2 mai, l’Élysée a confirmé à l’AFP une information du Parisien, annonçant la volonté d’Emmanuel Macron d’organiser une convention citoyenne sur « les temps de l’enfant », comprenant donc l’organisation du calendrier scolaire. Une initiative qui intervient alors que le chef de l’État avait déjà déploré la longueur des vacances estivales, jugeant que les petits Français passaient un peu trop de temps loin de l’école.

« On a des enfants qui ont parfois deux mois et demi de vacances, quelques-uns presque trois mois de vacances », avait-il regretté en juin 2023, faisant référence à certains lycéens, dont les cours s’arrêtent avant l’épreuve de philo du bac. Rebelote au mois de février 2025. « Il y a beaucoup de pays qui ne partent en vacances qu’à partir du 14 juillet. On a des vacances qui sont très, très longues l’été. Les enfants qui ne sont pas très accompagnés par leurs familles vont perdre souvent du niveau scolaire. C’est quelque chose qu’on va ouvrir, mais il faut que ce soit un peu discuté », avait-il déclaré en marge d’un déplacement à Colmar.

Et de marteler : « la France a des vacances plus longues que dans beaucoup de pays ». Or, que disent les chiffres à ce sujet ? Selon ce comparatif fait par le site Toute L’Europe (compilant des données de la Commission européenne), la France se situe dans la moyenne basse s’agissant des vacances estivales. Durant l’été, les écoliers français ont huit semaines de vacances. Ce qui est plus qu’en Allemagne (6 semaines), mais demeure inférieur à l’Autriche (9 semaines), à l’Espagne (10 à 12 semaines), à l’Italie (de 11 à 14 semaines) ou à l’Irlande (entre 9 et 13 semaines selon l’âge).

Champions des « petites » vacances

Pour autant, la France rattrape ses voisins sur les vacances durant l’année. Selon ces mêmes données, nos écoliers ont 67 jours de vacances entre la Toussaint et la pause de printemps. Ce qui fait beaucoup, la France étant le seul pays de l’UE à faire des coupures de deux semaines systématiques. Mais pas de quoi larguer les petits Français en termes de temps effectif passé à l’école. Avec une moyenne de six heures par jour, nos élèves passent plus de temps devant le tableau noir que leurs semblables européens.

Dit autrement, ils ont des journées (très) chargées (dont l’efficacité reste à démontrer), et c’est bien contre ce phénomène que le chef de l’État entendait lutter. « Les conséquences de ça, c’est qu’on bourre les semaines de nos enfants. C’est parce que les enfants ont des vacances qui se sont plutôt allongées au cours des 20 dernières années que vous avez des enfants qui arrivent crevés tous les soirs », expliquait-il en 2023.

Or, comme indiqué plus haut, Emmanuel Macron s’en prend quasi exclusivement aux vacances estivales dans son discours, alors que ce n’est pas forcément sur cet indicateur que la France se démarque de ses voisins, nos élèves comptant 162 jours de classe par an, quand la moyenne européenne se situe entre 170 et 190 jours. C’est donc bien cette spécificité française de longues vacances régulières, jusque-là épargnées dans les exemples cités par Emmanuel Macron, qui contribue à alourdir les journées des enfants.

Pourtant, malgré ces données facilement accessibles, l’exécutif semble vouloir uniquement porter l’effort sur la période estivale. « Les vacances d’été de 2025 ne changeront pas mais, pour 2026, cela dépendra de l’issue des discussions », a lancé dans Le Parisien au mois de janvier la ministre de l’Éducation nationale Élisabeth Borne. Charge à cette convention citoyenne d’explorer ce sujet en profondeur, et de répondre aux multiples urgences du système éducatif jugé dégradé par une immense majorité de Français, et qui honore rarement la France sur le plan des classements internationaux.

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