Politique

Les femmes, premières victimes du délai de carence, selon ces anciens ministres

MALADIE – « Deux tiers des fonctionnaires sont des femmes. Elles seront les 1ères touchées par l’allongement de la carence », affirme ce lundi 28 octobre sur X Aurélien Rousseau, ancien ministre de la Santé. Alors que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale est examiné dans l’hémicycle de l’Assemblée à compter de ce lundi, le gouvernement a proposé de passer d’un à trois jours de carence dans la fonction publique.

L’exécutif souhaite aussi moins bien rémunérer les arrêts maladie des fonctionnaires, passant de 100 % de salaire versé à 90 %, pour récupérer au total un peu plus de 1 milliard d’euros. Cette annonce a provoqué un tollé dans l’opposition, qui dénonce la dégradation des conditions de travail dans la fonction publique, l’une des raisons des arrêts maladies.

Plusieurs anciens ministres et parlementaires de l’opposition craignent en outre qu’une telle mesure, si elle était adoptée, pénalise les femmes, majoritaires dans la fonction publique et déjà victimes des jours de carences. « Endométriose, règles douloureuses, ménopause… Ça restera donc “dans la tête”, en tout cas à l’hôpital ou l’Educ. nat. Sans se déconstruire on peut au moins ne pas s’aveugler », dénonce Aurélien Rousseau.

Selon les chiffres du ministère, 63 % des agents qui travaillent dans la fonction publique sont des femmes, contre 46 % des salariés du secteur privé.

« Les femmes davantage pénalisées »

La sénatrice PS Laurence Rossignol s’est adressée sur X au ministre chargé de la fonction publique, Guillaume Kasbarian. « Mr le Ministre, j’ai un message pour vous. Les femmes atteintes d’endometriose et de douleurs menstruelles graves perdent déjà plusieurs jours de salaire par an à cause du délai de carence. Avec vous, elles seront encore plus nombreuses et perdront encore plus. #PasMerci », écrit l’ancienne ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes.

En juillet 2024, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a publié une note sur les effets dans l’Éducation nationale du rétablissement, en 2018, du jour de carence pour les agents publics. L’étude montre que ce jour de carence a entraîné une diminution de 23 % de la fréquence des arrêts maladie, mais que cela « ne traduit pas nécessairement une réduction des absences qui seraient injustifiées ». « En effet, l’introduction du jour de carence peut encourager les personnes malades à travailler », souligne l’Insee.

L’institut surtout que « les femmes sont davantage pénalisées financièrement par l’application du jour de carence ». Les résultats montrent que « les femmes et les personnels travaillant dans le réseau d’éducation prioritaire » réduisent davantage la fréquence de leurs absences lorsque cette mesure est appliquée, par rapport aux hommes et aux autres personnels hors réseau d’éducation prioritaire.

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