Politique

Les Français très sceptiques sur la capacité de Retailleau à « rétablir l’ordre »

POLITIQUE – « Rétablir l’ordre. » Bruno Retailleau, nouveau ministre de l’Intérieur, en a fait sa priorité. Il l’a martelé à trois reprises en arrivant place Beauvau et le réaffirme dès qu’il en a l’occasion, détaillant quelques pistes pour y arriver, notamment la lutte contre le narcotrafic et l’immigration. Un programme qui laisse les Français dubitatifs.

Selon l’enquête YouGov réalisée par Le HuffPost, 53 % des Français interrogés ne font pas confiance au ministre de l’Intérieur pour « rétablir l’ordre ». Ils ne sont que 27 % à penser le contraire. Il faut dire que depuis sa nomination, le ministre de l’Intérieur s’est fait remarquer par ses déclarations polémiques, au point d’être recadré par le Premier ministre. De plus, la durée de vie possiblement courte du gouvernement Barnier pourrait limiter ses ambitions.

Les sympathisants les plus favorables à Bruno Retailleau sont, sans surprise, issus des Républicains, à 58 %. Mais même dans sa famille politique, ils sont environ un tiers (32 %) à ne pas faire confiance au Vendéen.

Quid du Rassemblement national, dont Bruno Retailleau emprunte fréquemment le vocabulaire ? Les positions du ministre lui ont valu un satisfecit railleur de l’ex-présidente du parti Marine Le Pen. « Vous qui avez choisi en Monsieur Retailleau un ministre de l’Intérieur adepte des envolées lyriques sur le rétablissement de l’ordre et dont les propositions ne sont pas sans me rappeler un certain programme présidentiel », avait-elle notamment lancé à Michel Barnier à l’issue de la déclaration de politique générale le 1er octobre. Mais le parti d’extrême droite, qui revendique un rôle de « surveillance » du gouvernement Barnier, reste prudent sur la concrétisation des déclarations. Aussi les sympathisants RN ne sont que 32 % à faire confiance à Bruno Retailleau et 56 % à ne pas y croire.

« Déplacer le curseur » de l’État de droit

Dans le camp présidentiel, les avis sont partagés, à 44 % de pour comme de contre. La méfiance des sympathisants fait écho à celle des élus, échaudés par les premières déclarations du ministre sur l’État de droit et la justice. En déclarant que le premier n’était « pas intangible ni sacré » et en empiétant sur le second, le locataire de Beauvau a ulcéré nombre de parlementaires macronistes déjà frileux sur sa nomination.

Ils ont, en parallèle, fait réagir jusqu’au président du Conseil constitutionnel. « Nos démocraties ont besoin d’autorité, de sécurité et d’efficacité. Face aux attaques portées sur ces terrains, il importe de montrer concrètement qu’elles peuvent satisfaire ces exigences et le faire dans le respect de l’État de droit », a déclaré Laurent Fabius en ouvrant la 8e édition de la Nuit du droit, consacrée à « La Démocratie et le droit » le 3 octobre. « L’État de droit est la condition de la démocratie et ne doit pas être confondu avec l’état du droit, qui, lui, bien sûr, peut être modifié. »

Devant les députés cette semaine, Bruno Retailleau s’est à nouveau expliqué, assurant ne pas vouloir « abolir » l’État de droit mais en « déplacer le curseur », comme cela a pu être fait pendant la crise sanitaire ou à la suite d’actes terroristes. À noter que ces deux exemples s’inscrivent dans le domaine des « régimes d’exception » et n’ont, comme l’indique leur nom, pas vocation à perdurer.

L’enquête a été réalisée sur 1 000 personnes représentatives de la population nationale française âgée de 18 ans et plus. Le sondage a été effectué en ligne, sur le panel propriétaire YouGov France, du 1er au 3 octobre 2024.

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