Politique

Les propos de Macron sur la création d’Israël indignent encore le Crif (et pas seulement)

POLITIQUE – Le nom d’Emmanuel Macron avait déjà été hué lors du dîner commémoratif du Crif pour le 7 octobre et cette nouvelle sortie passe d’autant moins bien. Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France, s’est ému mardi 15 octobre des propos attribués au président de la République sur la création d’Israël.

Selon des propos rapportés par des participants au Conseil des ministres, Emmanuel Macron a estimé que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ne devait pas « s’affranchir des décisions de l’ONU », en soulignant que c’est une « décision de l’ONU » qui a « créé » l’État d’Israël. Un rappel de la résolution 181 adoptée en novembre 1947 par l’Assemblée générale des Nations unies et qui prévoit le partage de la Palestine en un État arabe et un État juif dont les frontières n’étaient pas définies par la communauté internationale jusqu’alors.

Mais pour Yonathan Arfi, « les propos attribués au président de la République, s’ils sont confirmés, sont une faute à la fois historique et politique ». « Laisser penser que la création de l’État d’Israël est le fruit d’une décision politique de l’ONU, c’est méconnaître à la fois l’histoire centenaire du sionisme, l’aspiration millénaire des Juifs au retour à Sion et le sacrifice de milliers d’entre eux pour établir l’État d’Israël », poursuit-il sur X.

Au-delà du Crif, Caroline Yadan, députée macroniste des Français de l’étranger et dont la circonscription inclut Israël, s’est aussi émue. « Réduire Israël à une seule décision de l’ONU c’est nier l’histoire du peuple juif et son lien légitime et historique à cette terre. (…) Je suis scandalisée par tant d’inconséquence, de capitulation et d’absence de hauteur de vue », écrit-elle sur X. La déclaration attribuée au chef de l’État a aussi fait bondir l’extrême droite et son allié Éric Ciotti, tout comme l’ancien Premier ministre Manuel Valls, brièvement investi par Renaissance aux législatives 2022. « Emmanuel Macron commet des fautes politiques historiques, politiques, stratégiques et éthiques », a jugé l’ancien chef du gouvernement sur RMC.

Macron durcit le ton face à Netanyahu

En réaction, le bureau de Benjamin Netanyahu a publié un communiqué dans lequel le Premier ministre israélien « rappelle » au président Français que « ce n’est pas la résolution de l’ONU qui a établi l’État d’Israël, mais plutôt la victoire obtenue dans la guerre d’indépendance avec le sang de combattants héroïques, dont beaucoup étaient des survivants de l’Holocauste – notamment du régime de Vichy en France. »

Dans la nuit, l’Élysée a communiqué sur un entretien entre le président français et le chef du gouvernement israélien, sans confirmer ni démentir les propos attribués à Emmanuel Macron. Le président de la République a « redit l’engagement de la France pour la sécurité d’Israël » mais aussi « condamné les frappes indiscriminées israéliennes qui ne font qu’alourdir un bilan humain déjà insupportable, à Gaza comme au Liban », peut-on lire dans le compte rendu de l’appel. « Le Président de la République a également marqué son indignation après que plusieurs casques bleus ont été blessés par les forces israéliennes à Naqoura et a instamment demandé à Israël de mettre fin à ces ciblages injustifiables », ajoute la présidence.

Si Emmanuel Macron a toujours affirmé et soutenu « le droit d’Israël à se défendre » face aux organisations terroristes Hamas et Hezbollah, il a ces dernières semaines durci le ton vis-à-vis de l’État hébreu et des bombardements israéliens sur Gaza et au Liban. Le 5 octobre, le président de la République s’est ainsi prononcé pour l’arrêt des livraisons d’armes à Israël susceptibles d’être utilisées sur Gaza. Ce, afin d’augmenter les chances de parvenir enfin à un cessez-le-feu et une solution diplomatique.

Cette prise de position avait déjà suscité l’ire du Crif, et fait tiquer quelques élus macronistes, dont la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu était lui aussi monté au créneau de façon virulente.

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