Politique

Les trois enseignements de ce sondage dont tout le monde parle à deux ans de la présidentielle

POLITIQUE – Les écarts au premier virage. Malgré une échéance encore lointaine, de nombreuses figures majeures de la classe politique sont déjà tournées vers l’élection présidentielle prévue au printemps 2027. Ainsi, l’étude réalisée par l’institut Ifop et publiée ce lundi 5 mai par l’observatoire Hexagone promet de faire parler dans les différentes écuries.

Qui est le mieux placé dans ce tour de chauffe ? Qui de Jordan Bardella ou Marine Le Pen séduit le plus ? Quelle personnalité est aujourd’hui la mieux placée pour porter les couleurs du bloc central ? La gauche est-elle en mesure d’accéder au second tour ? Le sondage répond à plusieurs de ces questions, deux ans avant le scrutin.

Bien sûr, il ne s’agit pas une boule de cristal. L’étude n’a pas valeur de prédiction. Elle offre en revanche, grâce à l’échantillon large de participants (10 000 personnes quand la norme est autour de 1000) et les différentes hypothèses évoquées, une photo assez précise des rapports de force actuels. Voici les trois enseignements principaux.

1. Le Pen ou Bardella, mêmes chiffres

En tête, tout d’abord, le Rassemblement national continue de dominer la concurrence au premier tour… quel que soit son représentant. Selon l’étude, réalisée après la condamnation de Marine Le Pen en première instance à une peine d’inéligibilité immédiate, le président du RN Jordan Bardella et « Plan B » du parti, ferait aussi bien que la candidate historique. La formation d’extrême droite ne souffre d’aucune déperdition et récolte entre 32 et 35 % des suffrages, selon le casting.

« C’est un des avantages du Rassemblement national. Il a deux figures capables de reprendre le flambeau, avec un électorat très proche, confirme au HuffPost Paul Cébille, analyste opinion chez Hexagone, il y a plus de personnes âgées et d’électeurs de la droite classique chez Jordan Bardella, mais c’est vraiment minime. »

En ce sens, l’eurodéputé semble un peu mieux placé que Marine Le Pen dans l’éventualité d’un second tour. Elle est donnée perdante contre Édouard Philippe (48 % – 52 %), quand le président du Rassemblement national est à égalité. « Les deux (dirigeants RN) ont les mêmes chances de l’emporter à ce stade », relativise Paul Cébille, en soulignant que « le RN est un parti de masse, en tête dans toutes les catégories. »

2. Édouard Phillippe, le mieux placé pour l’après-Macron

Derrière l’extrême droite, Édouard Philippe est à l’heure actuelle le mieux placé pour porter les couleurs du « bloc central » autorevendiqué. C’est en tout cas celui qui attire le plus d’intentions de vote à deux ans du scrutin, loin devant Gabriel Attal, le président de Renaissance. C’est, là, un deuxième point singulier.

Dans l’hypothèse où il est le candidat de son parti Horizons, des macronistes et des élus du MoDem de François Bayrou, il récolterait 22 % des suffrages au premier tour. Dans la même configuration, Gabriel Attal, lui, plafonnerait à 14 %, menacé notamment par un Bruno Retailleau (LR) au même niveau. Le maire du Havre plie également le match, à l’heure actuelle, dans le cas de figure d’un bloc central divisé. Il serait plébiscité par 15 % des Français, et pourrait accéder au second tour, contre 8 % pour Gabriel Attal.

« Quelle que soit l’hypothèse, Édouard Philippe accède à chaque fois au second tour et est en mesure de l’emporter. C’est moins le cas de Gabriel Attal », donné perdant face à Jordan Bardella, résume Paul Cébille. L’espace du président de Renaissance « est beaucoup plus compliqué », ajoute-t-il, car « Gabriel Attal incarne le macronisme et son héritage, un héritage largement rejeté par les Français. Ce n’est pas du tout le cas pour Édouard Philippe, qui compte sur un électorat de droite et arrive à récupérer des déçus du macronisme, même ceux qui pourraient être de centre gauche. »

3. La gauche loin du match, sauf si…

Enfin, un cran plus loin dans cette course, ce sondage est aussi riche d’enseignements pour la gauche. Il montre tout d’abord que les différents candidats potentiels sont loin de prétendre, à l’heure actuelle, à une accession au second tour. Dans l’hypothèse où tous les partis sont en ordre dispersés, Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Raphaël Glucksmann (Place Publique/PS) seraient au coude-à-coude avec 10 % des suffrages, devant François Ruffin (5 %) et loin derrière le candidat du centre et de l’extrême droite.

Il faudrait, pour entrevoir un trou de souris, toujours selon ce sondage, un certain alignement des planètes. À savoir, que la gauche ne soit dispersée qu’en deux candidats, et que le centre se divise lui aussi. Avec un seuil d’accession au second tour mécaniquement plus bas, la gauche sociale-démocrate de Raphaël Glucksmann ou celle de rupture incarnée par Jean-Luc Mélenchon reviendrait dans le match.

« Avec seulement deux candidats de gauche, cela pourrait passer au bénéfice par exemple du vote utile, analyse Paul Cébille. Le sondage montre également qu’il y a des ponts entre les électorats. Il n’est pas impossible qu’Édouard Philippe se dégonfle, car il incarne aussi le macronisme à sa façon. » En somme, « il ne faut pas enterrer la gauche, c’est évident », même si le score de tous les partis cumulés n’affiche aujourd’hui que 29 %. Un total « faible ».

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