L’extrême droite française copie Elon Musk et a maintenant cette agence dans le viseur
POLITIQUE – Après l’Ademe, et l’Agence Bio, au tour de l’AFD de recevoir les foudres de l’extrême droite. L’Agence Française de Développement, dont la « mission est de contribuer au progrès économique, social et environnemental des pays à revenus faibles et intermédiaires », comme elle l’explique sur son site internet, est accusée de « gabegie » financière par certains élus.
C’est en tout cas ce qu’a voulu démontrer l’eurodéputée Reconquête Sarah Knafo sur le plateau de CNews ce lundi 17 février. L’élue nationaliste a listé plusieurs projets financés par l’agence française, évoquant notamment certains situés en Chine : « Protection de la source du fleuve Quianjang et développement urbain durable de Kaihua, lit-elle notamment. Le projet créera une synergie entre le parc national de Qianjiangyuan et la ville de Kaihua, fondée sur l’excellence environnementale, la restauration des services écosystémiques (…) Là, 65 millions d’euros ! »
Des projets majoritairement financés par des prêts
Devant les exclamations outrées de la présentatrice Christine Kelly, l’eurodéputée dénonce des projets financés « avec l’argent des Français, votre argent ! ». Difficile de ne pas voir dans cette charge une pâle copie de la purge menée par Elon Musk contre l’Agence américaine pour le développement international (USAID).
Sauf que Sarah Knafo ne précise pas que les projets qu’elle cite sont financés sous la forme de prêts, comme la majorité des financements proposés par l’AFD, et que l’argent est loin de sortir uniquement de la poche des Français. Comme le précise l’agence, 85 % de ses ressources sont des emprunts qui émanent d’investisseurs privés ou encore de banques centrales. Les 15 % restant proviennent, eux, de subventions publiques accordées par l’État français et l’Union européenne.
Ni une, ni deux, la députée du Rassemblement national Laurence Robert-Dehault a sauté sur la polémique pour rappeler sur le réseau social X son « alerte » lancée en 2023 à l’Assemblée nationale « sur ces milliards d’euros de l’argent des Français dilapidés dans des projets inutiles aux quatre coins du monde ». Or, outre le fait que l’AFD ne soit pas directement financée par nos impôts, l’agence est également considérée comme un outil d’influence internationale à disposition du « soft power » français.
Le ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats Internationaux Thani Mohamed-Soilihi a dénoncé sur X une « désinformation qui nuit à un débat public apaisé », et insisté sur le fait que la France ne « dépense pas un euro d’argent public » en Chine.
Dans la lignée de Trump
L’extrême droite réclame depuis plusieurs mois la disparition de plusieurs agences étatiques, souvent au nom d’un serrage de vis budgétaire. Des sacrifices qu’elle est d’autant plus à même de réclamer haut et fort, puisqu’elle est confortée par les choix faits par l’administration de Donald Trump, dont elle se plaît à être le perroquet en Europe.
Le conseiller spécial de Donald Trump a œuvré à la suppression du budget de l’USAID, l’agence américaine de développement, dont il a finalement annoncé la fermeture pure et simple. Une leçon retenue (et récitée avec application) par Sarah Knafo sur CNews : « Ce qui est rassurant, c’est qu’on voit avec l’exemple des États-Unis qu’il suffit d’un trait de plume pour supprimer ces folies ». L’administration américaine pourrait presque demander des droits d’auteur.
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