L’extrême droite pointée du doigt après cette agression dans un bar d’Alès
POLITIQUE – L’adresse est connue des fêtards alésiens. Particulièrement en cette période, marquée par la féria de l’Ascension. Le Prolé, à Alès, est une institution. Affilié au Parti communiste (autrefois très puissant dans cette ancienne région minière), le bar situé rue Beauteville connaît chaque année un pic de fréquentation à l’occasion de cette fête populaire.
Or, cette année, les festivités ont été gâchées. En cause, selon La Marseillaise, une agression commise ce vendredi soir par un groupuscule d’extrême droite. Dans un communiqué, la section communiste de la sous-préfecture du Gard décrit ce samedi 31 mai une véritable expédition punitive. « Une horde d’une douzaine de néo-nazis du groupe bien connu pour ses violentes expéditions, le Bloc montpelliérain, a fait irruption au Prolé d’Alès, assénant de coups et de gaz lacrymogènes la foule en fête et les militants communistes et leurs amis », dénonce l’antenne locale du parti communiste.
« Une vingtaine de personnes parmi le public et nos camarades ont été blessées, secourues par la Croix Rouge et le SAMU dont un militant cheminot PCF hospitalisé en urgence », poursuit le communiqué. Sur sa page Facebook, l’établissement, également désigné « Cercle du prolétariat » a lancé un appel à témoins. « Nous sommes en lien avec la police afin d’interpeller les responsables de cet acte violent », indique Le Prolé, invitant les personnes présentes à contribuer à la collecte des preuves à l’encontre des assaillants.
« Violence aggravée »
Rapidement, plusieurs figures de gauche ont exprimé leur consternation en interpellant Bruno Retailleau. Premier secrétaire du Parti communiste, Fabien Roussel a demandé sur X la dissolution du groupe désigné et affirme dans un communiqué avoir pris attache à ces fins avec le ministre de l’Intérieur. « Je lui ai également demandé que soit assurée au plus vite la sécurité du Prolé, lieu emblématique, animé par les communistes, de luttes, de fête et de culture populaires », assure Fabien Roussel.
« Le ministre de l’intérieur, trouvera-t-il le temps, entre deux saillies sur les dangers du wokisme et de l’immigration, de dissoudre ce groupe néo-nazi ? », interroge sur X le sénateur communiste Ian Brossat. L’indignation a aussi été exprimée dans les rangs de la France insoumise, que ce soit chez le député Thomas Portes ou chez son collègue Raphaël Arnault. « La violence d’un groupuscule d’extrême droite hier à la feria d’Alès est inadmissible. Soutien aux victimes et aux communistes visés. J’attends une condamnation ferme. Face à l’extrême droite ni peur, ni renoncement », a aussi dénoncé la présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga. Député UDR (extrême droite) du Gard, Alexandre Allegret-Pilot a également réagi, se disant convaincu « que les caméras de la ville d’Alès permettront d’en savoir plus, d’identifier et de sanctionner les agresseurs ».
Qu’est-ce que le Bloc Montpelliérain ?
Selon Ici (ex-France Bleu Gard), le parquet d’Alès a annoncé l’ouverture d’une enquête pour « violence aggravée ». Dénonçant sur X des « violences inacceptables », la préfecture du département a de son côté annoncé un renforcement du dispositif policier à Alès ce samedi soir. Interrogée par Objectif Gard, une militante communiste, qui était présente lors de l’agression, est catégorique concernant l’implication du Bloc Montpelliérain, précisant que trois de ses membres étaient déjà venus mercredi soir pour placarder sur place des autocollants de leur groupuscule à des fins provocations (une pratique prisée par ces mouvances inspirées du hooliganisme).
Selon ce récit, ces mêmes militants seraient venus avec des renforts ce vendredi soir dans le but d’en découdre. « Ils ont frappé tout ce qui avait, clients comme militants. Ils n’ont pas fait de cas », témoigne cette militante, dénonçant une action « fasciste ». Mais de quel groupuscule parle-t-on ? Comptant plus de 1 200 abonnés sur Telegram et 2 300 sur Instagram, l’organisation est à l’image de ces petits groupes nationalistes qui fleurissent aux quatre coins de la France malgré les menaces de dissolutions. Adeptes des codes virilistes et du folklore néofasciste, les membres du Bloc Montpelliérain étaient représentés lors de la dernière manifestation du comité du 9 mai à Paris.
Au mois d’octobre, le média Streetpress rapportait que deux militants de groupe nationaliste-révolutionnaire comparaissaient pour violences, après l’agression d’un syndicaliste. L’un d’eux a été condamné de 10 mois de prison avec sursis. Giovanni Di Francesco, secrétaire de la section d’Alès du PCF, a appelé à un rassemblement « rassemblement républicain lundi 2 juin 18 heures devant la sous-préfecture ». Quant au Prolé, il restera ouvert, comme prévu, ce samedi soir.
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