LFI ne digère pas d’être exclu de l’hommage à Badinter (et compte s’y rendre quand même)
POLITIQUE – « Héritiers » de Badinter malgré le vœu de la famille ? La France insoumise a annoncé ce mardi 13 février qu’elle serait représentée par deux de ses députés à l’hommage national qui sera rendu ce mercredi à Robert Badinter. Conformément au protocole, les responsables parlementaires, quel que soit leur parti, sont invités aux hommages nationaux. Mais la veuve de l’ancien ministre de la Justice Élisabeth Badinter a demandé à ce que LFI et le RN ne soient pas présents à la cérémonie, prévue place Vendôme mercredi 14 février.
« Un hommage national est un hommage national. Nous y sommes invités, et nous y serons représentés par Caroline Fiat, vice-présidente de l’Assemblée nationale et Éric Coquerel, président de la Commission des Finances », a indiqué le groupe parlementaire des Insoumis.
« Un hommage national dont sont exclus une partie des Français n’est plus un hommage national. La République est une et indivisible », avait écrit un peu plus tôt Jean-Luc Mélenchon, qui a siégé aux côtés de Robert Badinter au Sénat dans les années 1990 et 2000. N’étant ni parlementaire ni officiellement chef de parti, Jean-Luc Mélenchon n’était pas invité à l’hommage de mercredi. « Il n’avait pas prévu d’y aller, ça ne change rien pour lui », a précisé son entourage à l’AFP.
Depuis la mort de Robert Badinter, les Insoumis ont multiplié les hommages à l’ex-garde des Sceaux, père de l’abolition de la peine de mort. Le député Alexis Corbière a regretté la décision d’Élisabeth Badinter de ne pas convier LFI à l’hommage à son mari. « Mettre l’extrême droite et LFI sur un même plan n’est pas conforme au principal des grands combats de Robert Badinter. En 1981, Le Pen était pour la peine de mort alors que les Insoumis sont les héritiers du long combat abolitionniste », a-t-il posté :
La semaine dernière, Caroline Fiat et Éric Coquerel étaient déjà de la délégation insoumise qui s’est rendue à l’hommage aux victimes françaises des attaques du Hamas du 7 octobre, malgré les demandes de plusieurs familles de victimes que la présence de LFI soit « interdite ».
L’hommage minimaliste du RN
De son côté, le Rassemblement national, par la voix de Marine Le Pen, a acté le refus de la famille Badinter. « Une famille est en deuil, elle a des souhaits, ça se respecte » a insisté la députée mariniste Joëlle Melin sur LCP, confirmant que son parti ne se rendra pas à l’hommage. Plus tôt, lors de l’hommage rendu à l’Assemblée nationale, plusieurs députés RN se sont abstenus d’applaudir à l’issue de la minute de silence pour Robert Badinter, voire n’étaient pas présents.
Faut-il y voir un lien avec le « fond du sujet », à savoir une remise en cause de l’abolition de la peine de mort ? « Je crois qu’il n’y a aucun lien à faire », a rétorqué, sans certitude, l’élue. À l’annonce de la mort de l’ancien Garde des Sceaux, Marine Le Pen avait salué sur X un « homme de convictions [qui] fut incontestablement une figure marquante du paysage intellectuel et juridique », mais dont « on pouvait ne pas partager tous les combats ».
Le RN, dans la continuité du FN, a longtemps critiqué la loi de Robert Badinter. La présidente du groupe RN à l’Assemblée, qui s’était déclarée « pour la peine de mort à titre personnel » en 2012, avait même souhaité un référendum sur la question en 2022, avant de rétropédaler en reconnaissant que cela serait inconstitutionnel.
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