Politique

LFI salue une « victoire » avec cet amendement pour une taxe sur les superprofits

POLITIQUE – À défaut de gouverner, la gauche peut se targuer d’enregistrer quelques victoires hautement symboliques. Comme cette taxe sur les superprofits adoptée en commission des finances dans la nuit du vendredi 18 au samedi 19 octobre, en pleine préparation du budget 2025. Proposée par les députés de La France insoumise, cette « contribution exceptionnelle », qui s’appliquerait aux entreprises réalisant plus de 750 millions d’euros de chiffre d’affaires, permettrait selon eux de ramener 15 milliards d’euros dans les caisses de l’État. Une somme loin d’être anecdotique au vu du déficit public catastrophique, qui pourrait atteindre 6,1 % du PIB en fin d’année.

Pour les Insoumis, cette taxe permettrait de « faire contribuer à la solidarité nationale les profiteurs de crise », qui se sont « enrichis de façon indécente » lors de la crise du Covid puis lors de la flambée des prix de l’énergie consécutifs à la guerre en Ukraine.

« Nous accumulons les victoires en commission des finances contre les plus riches et les multinationales. Si on ne faisait pas contribuer les très grandes entreprises, qui ont été les gagnantes de ces sept années de macronisme, cela rendra le budget définitivement inacceptable », s’est réjoui le président LFI de la commission des Finances Éric Coquerel. « Énorme victoire, s’est aussi félicité le coordinateur de LFI Manuel Bompard. Vote après vote, nous faisons la démonstration qu’un budget du Nouveau Front populaire peut être majoritaire à l’Assemblée nationale ». « Monsieur Barnier, mais où donc est passée votre majorité ? », a ironiquement demandé la députée LFI Claire Lejeune.

Un cri de joie qui mérite toutefois d’être relativisé : ces amendements seront reproposés au vote la semaine prochaine dans l’hémicycle. Aussi, la partie « recettes » du budget 2025 a été totalement « rejetée » par les députés samedi en fin de journée. Passé à la moulinette de la commission des Finances, le projet de loi présenté la semaine dernière était devenu méconnaissable : articles clés supprimés, amendements à plusieurs milliards d’euros adoptés, nouvelles taxes ou exonérations à foison…

En tout, près de 200 amendements avaient été adoptés, bouleversant considérablement l’équilibre financier du texte. Modifications finalement toutes balayées par un vote final négatif, par 29 voix contre 22, le Rassemblement national se retrouvant avec la droite et le centre dans le camp du rejet.

« Quitter le territoire »

Concrètement, les élus ont retenu une définition du « superprofit » comme étant la part des bénéfices de l’entreprise dépassant 1,25 fois les profits annuels moyens réalisés sur la période pré-Covid. Si la gauche a réussi à imposer ses vues sur la question, cela n’a pas manqué de faire hurler la droite. « Si vous voulez que toutes nos entreprises quittent le territoire, vous avez raison : c’est de cette manière là qu’il faut s’y prendre », s’est insurgée la députée LR Véronique Louwagie. Le Rassemblement national, lui, s’est abstenu.

Le NFP peut revendiquer d’autres petites victoires en commission des Finances : un amendement visant à taxer les multinationales sur leurs bénéfices réellement réalisés en France a également été adopté. Avec 26 milliards d’euros de recettes nouvelles, assurent les députés mélenchonistes. Une revalorisation de la Dotation globale de fonctionnement (DGF) attribuée par l’État aux communes et aux départements a trouvé l’assentiment des députés, tout comme plusieurs mesures revenant sur les aides aux entreprises, et notamment le crédit impôt recherche (CIR) mis en place sous François Hollande, très critiqué à gauche.

Plusieurs hausses d’impôts locaux, notamment la taxe d’habitation sur les résidences secondaires, ont enfin été adoptées. Ce samedi 19 octobre, plus de 400 amendements restaient encore à examiner, avant le lancement des débats en hémicycle à partir de lundi.

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