Lui ou le chaos : Macron dramatise la campagne des législatives, sans idée neuve
POLITIQUE – « There is no alternative. » Emmanuel Macron a lancé la campagne de son camp pour les élections législatives ce mercredi 12 juin en donnant une conférence de presse au Pavillon Cambon à Paris. L’occasion pour lui de tracer le cap du « bloc central » pour les scrutins du 30 juin et 7 juillet et de disserter surtout sur l’effet de blast provoqué par la dissolution de l’Assemblée nationale.
Le chef de l’État est longuement revenu sur le « moment de clarification » qui s’est opéré en un temps record sur la scène politique depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée. Ceci entre l’alliance d’un côté des forces de gauche sous la bannière « nouveau front populaire », et le rapprochement annoncé (mais contesté) entre Éric Ciotti et le Rassemblement national.
Objectif avoué et détaillé devant le parterre de journalistes et de ministres : se présenter, comme le seul rempart au chaos face à deux blocs qui mèneraient à la ruine du pays. Avec, sur le fond, la même recette stratégique et thématique pourtant désavouée à plusieurs reprises dans les urnes.
Le RN et la gauche renvoyés dos à dos
Pour résumer, Emmanuel Macron avait deux mots à la bouche ce mercredi : « clarification » et « extrême ». Le locataire de l’Élysée a effectivement lâché ses coups à l’égard de la nouvelle coalition des partis de gauche, qualifiée donc « d’extrême » à plusieurs reprises, et contre le Rassemblement national de Jordan Bardella et son projet « d’exclusion. »
D’un côté, Emmanuel Macron reproche aux socialistes, communistes et écologistes d’avoir de nouveau pactisé, dans une logique « même pas baroque mais indécente » avec la France insoumise, une formation « coupable » à ses yeux « d’antisémitisme » ou « d’antiparlementarisme. »
« S’il y en a un qui doit se retourner dans sa tombe aujourd’hui c’est Léon Blum, en pensant qu’on a appelé Front Populaire une alliance électorale qui permettra de donner 300 circonscriptions à LFI, à des gens qui ont assumé clairement de ne pas condamner l’antisémitisme », a-t-il par exemple lâché, quitte à tordre quelque peu la réalité. La France insoumise, dont aucun représentant n’a été condamné pour antisémitisme, compte sur 230 investitures, contre 170 pour le Parti socialiste après la signature de l’accord.
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De l’autre, le chef de l’État accuse Éric Ciotti, le président les Républicain d’avoir fait « un pacte du diable » avec le Rassemblement national. Un parti dont le projet mènera à « l’appauvrissement des Français » et qui rendra « le coût des crédits plus chers, l’accès au logement plus cher », a insisté Emmanuel Macron, ciblant tour à tour le programme économique des lepénistes, leur promesse de revenir sur la réforme des retraites, ou leurs discours fumeux sur l’insécurité.
Quelles propositions pour son camp ?
Dans ce contexte le chef de l’État assure que son camp est le seul à présenter un programme qui évitera la catastrophe. « Qui pour gouverner la France ? Je crois très profondément que les forces politiques qui constituent aujourd’hui la majorité présidentielle ont seules la capacité de porter un projet cohérent, réaliste et d’avenir », a-t-il résumé.
Alors, pour convaincre du bien-fondé de ses arguments, le chef de l’État a dévoilé quelques pistes et le cadre des propositions que devront formuler les dirigeants de son camp. Et force est de constater qu’il n’y a pas grand-chose de neuf. Sur la stratégie d’abord, Emmanuel Macron en appelle aux forces républicaines prêtes à travailler avec lui et non avec le nouveau front populaire et le Rassemblement national. Comme il le fait, en réalité, depuis 2017.
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Sur le fond, ensuite, Emmanuel Macron veut mener une campagne autour du « renforcement de l’axe régalien », de la souveraineté industrielle ou de la décarbonation de l’économie. Parmi les (très) rares idées nouvelles lancées dans le débat, le président de la République s’est engagé à organiser un « grand débat sur la laïcité », à interdire les téléphones aux enfants de moins de 11 ans, ou à rediscuter des contours et compétences des grandes régions, redécoupées par François Hollande en 2014. Les meilleurs leviers pour « réveiller » son électorat ? Rien n’est moins sûr.
Pour le reste, les responsables de la majorité et le gouvernement « auront à prendre des décisions fortes », selon la formule présidentielle, sur les sujets tels que l’autorité, le respect ou le plein-emploi. De quoi douter de la fraîcheur de cette nouvelle cuvée.
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