Politique

Macron donne des pistes sur ce qu’il attend du futur Premier ministre (et ça en dit long sur le blocage)

POLITIQUE – Portrait-trobot. Le Président de la République profite des dernières fenêtres de tirs, avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, pour livrer ses enseignements sur la séquence électorale rocambolesque qui a suivi la dissolution de l’Assemblée nationale.

Interrogé sur France 2, ce mardi 23 juillet dans la soirée, Emmanuel Macron a reconnu la défaite de son camp aux législatives. Une grande première qui ne l’a pas empêché de balayer d’un revers de main la proposition faite quelques minutes plus tôt par le Nouveau Front populaire d’envoyer Lucie Castets à Matignon. Aux yeux du chef de l’État, la question « n’est pas là », et ce sujet épineux ne se réglera pas avant la « mi-août. »

En attendant, le locataire de l’Élysée charge les partis politiques de « travailler ensemble » pendant la « trêve » olympique, histoire de dégager une majorité plus stable que celle de la gauche dans l’hémicycle.

Car s’il temporise avant de prendre les décisions qui découleront de la nouvelle Assemblée, le président de la République n’hésite pas, en revanche, à faire le CV ou à dresser le portrait-robot de celui ou celle qu’il aimerait nommer à Matignon. Le tout en évoquant les « enseignements » du scrutin, comme autant de balises pour les discussions qu’il appelle de ses vœux.

Un cap clair ?

Emmanuel Macron estime donc que le « pays a besoin de continuer à être plus fort et plus juste ». Derrière ce slogan, celui de son camp depuis 2022, le chef de l’État fixe plusieurs priorités : une « justice plus ferme », « une sécurité plus nette, plus rapide, plus efficace », une « immigration » mieux maîtrisée ou encore moins de bureaucratie.

Il prone également un meilleur accès aux services publics ou l’amélioration du pouvoir d’achat de ceux qui travaillent. Deux points propres à plaire à la gauche ? Sur le papier, sans doute mais dans les « enseignements » qu’il tire du scrutin, Emmanuel Macron ne parle pas de répartition des richesses ou de réforme des impôts. Un projet phare du NFP pour que les foyers les plus aisés contribuent davantage. Concernant l’abrogation de sa réforme des retraites, autre principale revendication du Nouveau Front populaire, Emmanuel Macron appose sans surprise une fin de non-recevoir.

« L’urgence du pays n’est pas de détruire ce que l’on vient de faire, mais de bâtir et d’avancer », a-t-il indiqué, sur France 2. Et si possible, dans le même sens qu’avant. Car, en somme, les lignes tracées par le chef de l’État correspondent peu ou prou au programme et au projet qu’il porte depuis au moins 2022.

Des avancées à droite, mais…

Au printemps dernier, Gabriel Attal plaidait par exemple pour un « sursaut d’autorité » contre « l’addiction à la violence » de certains jeunes. Il promettait un projet de loi sur les « comparutions immédiates » pour les mineurs. Quelle différence, aujourd’hui, avec le souhait « d’aller plus loin sur la sécurité » ? Ou de « réagir plus nettement » face aux mineurs violents, deux objectifs formulés par le chef de l’État, mardi soir, depuis le plateau de France 2, sur la terrasse du Musée de l’Homme au Trocadéro ?

De fait, le président de la République semble bien décidé à garder la main sur les décisions politiques à venir, sans renier son action à l’Élysée. Pour cela, rien de tel que se tourner vers la droite, le camp qui a déjà soutenu ses réformes phares depuis 2022.

Ce n’est pas un hasard si le chef de l’État salue le travail effectué par Laurent Wauquiez et son groupe, consistant à proposer un « pacte législatif » d’une dizaine de mesures, avant tout portées sur la sécurité et l’immigration. « Cela va dans la bonne direction à mes yeux », a expliqué le locataire de l’Élysée mardi soir, sans s’appesantir sur le fond de ce programme. Mais la route est encore (très) longue pour aboutir à une alternative au NFP.

D’abord, parce que les Républicains restent pour l’instant très rétifs à toute idée de coalition avec le bloc macroniste. Ensuite, parce qu’une alliance parfaite entre les deux ferait à peine mieux que les troupes du Nouveau Front populaire, si l’on se réfère aux votes pour la présidence de l’Assemblée nationale. Yaël Braun-Pivet n’a recueilli que 13 voix de plus qu’André Chassaigne, le candidat du NFP.

Enfin, l’option d’une coalition plus large dessinée par Emmanuel Macron mardi soir, qui inclurait les socialistes, voire les écologistes, paraît toujours aussi improbable. D’autant plus avec la feuille de route esquissée par le locataire de l’Élysée, loin, pour partie, des priorités et aspirations de la gauche.

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