Politique

Macron exclut les Insoumis de son appel à une coalition, Mélenchon en colère

POLITIQUE – Il y a ce qui est dit explicitement. Et ce qu’Emmanuel Macron sous-entend mais qui ne fait guère de doute. Dans la lettre aux Français qu’il a publiée mercredi après-midi dans plusieurs titres de la presse régionale, le président de la République a pris la parole pour la première fois depuis les résultats des législatives.

Affirmant qu’il n’y a pas de vainqueur, il ne reconnaît donc pas que c’est le Nouveau Front populaire qui a gagné le second tour. Et tirant les conclusions des résultats qui forment une Assemblée sans majorité, il a appelé les partis politiques à se mettre d’accord pour établir une coalition. Avant d’imaginer nommer un successeur à Gabriel Attal.

En des termes clairs, le chef de l’État exclut directement le Rassemblement national de celle-ci. « Ce que les Français ont choisi par les urnes – le front républicain, les forces politiques doivent le concrétiser par leurs actes », écrit ainsi Emmanuel Macron. La « majorité solide, nécessairement plurielle, pour le pays » qu’il réclame s’arrête donc à droite aux Républicains, canal historique.

Et sur la gauche, jusqu’où va-t-elle ? Le président place-t-il la France insoumise à l’intérieur ? Ne cherchez pas de réponse claire dans sa lettre. Ni même dans la réponse que nous formule un proche du président. « Le président parle des valeurs, il se refuse à parler d’étiquette », dit cette source.

Mais Emmanuel Macron donne suffisamment d’indices pour que sa pensée apparaisse. Et les premières réactions des parlementaires insoumis montrent d’ailleurs qu’ils ont compris que le chef de l’État les exclut. « Déni de réalité, déni de démocratie. Cette lettre du Président Macron est ahurissante », dénonce par exemple la députée Sarah Legrain sur X.

Mélenchon dénonce « le droit de veto royal »

Il s’adresse ainsi à « l’ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines, l’État de droit, le parlementarisme, une orientation européenne et la défense de l’indépendance française ». Le conseiller que nous avons interrogé ne précise pas stricto sensu l’exclusion des insoumis, mais laisse entendre clairement que le mouvement est incompatible avec certaines des valeurs édictées par le chef de l’État. Parmi elles : l’attachement au parlementarisme, alors que la Macronie se plaît à rappeler les sanctions prononcées contre ses élus ces dernières années à l’Assemblée.

Dans les couloirs de l’Assemblée, la députée Renaissance Céline Calvez fait le sous-texte. « Le président a raison de dire que personne n’a gagné. Il nous faut une coalition avant d’arriver à la question du Premier ministre. Et pour cela, nous devons faire un pas vers les autres partis, sauf la France insoumise et le Rassemblement national ». Revoilà donc le fameux signe égal placé entre LFI et le RN, comme plusieurs cadres de la Macronie l’avaient fait avant les législatives.

« Il n’est pas à la hauteur de l’histoire, tance sur X Clémence Guetté, députée insoumise que le mouvement de Jean-Luc Mélenchon a proposée pour Matignon. Il avait jeté la France dans les bras de l’extrême droite, nous l’avons évité. Maintenant, le Nouveau Front populaire doit gouverner. Le président doit accepter la démocratie. »

Dans une note de blog publiée dans la nuit de mercredi à jeudi et sur les réseaux sociaux, Jean-Luc Mélenchon dénonce de son côté « un coup de force, un abus de pouvoir » et un acte « unique dans le monde démocratique ». « Ça suffit. Il doit s’incliner et appeler le Nouveau Front Populaire. C’est tout simplement la démocratie », conclut sur X le fondateur de la France insoumise.

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