Politique

Macron « finance les Africains » : Sarah Knafo en flagrant délit de fake news

POLITIQUE – Sarah Knafo ne manque pas de constance, surtout lorsqu’il s’agit d’importer les méthodes de Donald Trump et son aversion pour l’aide internationale. Et ce, même s’il s’agit de tordre la réalité. Illustration avec ce tweet publié vendredi 31 octobre, et qui a conduit Éléonore Caroit, ministre en charge de la Francophonie et des Partenariats internationaux, à répliquer.

« La France s’enfonce dans le déclin. Son président finance les Africains. Enlevez-lui le chéquier ! », s’est emportée l’eurodéputée Reconquête, qui réagissait à un article de BFMTV titré : « Nous ne pouvons pas demeurer des spectateurs silencieux : la France annonce une aide internationale de plus d’1,5 milliard d’euros pour les Grands Lacs ».

Ce qui a été interprété par l’élue zemmouriste comme une aide directement financée par la France, à l’heure où le pays accuse un dérapage du déficit public et où un compromis budgétaire semble à ce stade difficile à atteindre. Sauf qu’il suffisait de cliquer sur le lien pour comprendre qu’il ne s’agissait pas d’un chèque à neuf chiffres signé par Emmanuel Macron, mais bien d’une aide internationale (et non franco-française). Plus précisément, un rattrapage d’un plan de l’ONU évalué à 2,5 milliards de dollars, et qui n’était jusqu’ici financé qu’à 16 %.

Le chef de l’État s’est d’ailleurs engagé dans ce processus précisément pour mobiliser le plus d’acteurs possibles afin de financer ce plan. « L’objectif est de faire une annonce la plus forte possible de financement international et des annonces finales concernant les accès humanitaires et les soutiens au processus de paix », faisait savoir l’Élysée en amont d’une conférence internationale organisée à Paris cette semaine. En aucun cas, donc, il s’agit d’une annonce nouvelle impliquant seulement la France, et encore moins pour un montant à 1,5 milliard.

« L’extrême droite continue de désinformer »

Face à l’audience du tweet de Sarah Knafo, Éléonore Caroit a tenu à réagir. « L’extrême droite continue de désinformer, sans surprise et sans scrupule. Pendant que certains préfèrent agiter les peurs, la France agit, avec ses partenaires, pour répondre à l’une des pires crises humanitaires de notre temps : celle dans les Grands Lacs, et en particulier à l’Est de la République démocratique du Congo », a répliqué la ministre, dont le message a été partagé par son collègue des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.

Pour appuyer son propos, la ministre en charge de la Francophonie et des Partenariats internationaux a mis en avant l’effroyable bilan humain qui nécessite, sur place, la réalisation de la promesse onusienne : « 28 millions de personnes en insécurité alimentaire, une femme violée toutes les 4 minutes, un enfant violé toutes les 30 minutes ».

« Avec le Togo et des dizaines d’États, nous avons rassemblé la communauté internationale pour protéger des vies, lutter contre les pandémies, les trafics, les violences sexuelles et les déplacements forcés. Ce combat concerne directement les Français : les crises ignorées d’aujourd’hui deviennent les instabilités de demain », a ajouté la ministre. Mais pas de quoi démonter Sarah Knafo qui, malgré l’évidence, persiste à accuser la ministre de « donner les milliards que vous prenez dans nos poches ».

Approximation ou réelle intention de mentir ? Quoi qu’il en soit, ce n’est pas la première fois que Sarah Knafo verse dans les contre-vérités concernant les initiatives internationales auxquelles la France participe. En début d’année, l’eurodéputée d’extrême droite s’était offusquée, en citant les projets de l’Agence française de développement : « On donne 130 millions d’euros par an à la Chine, première puissance économique, ça ne manque pas de saveur, alors que chez nous on manque de tout. » Problème : il s’agissait, en réalité, de prêts financés majoritairement via des partenaires privés. Plutôt gênant pour qui se pique de s’alarmer des finances du pays.