Malgré la bouderie des macronistes, le Sénat adopte le budget de la Sécu
POLITIQUE – Un vote sans suspense. Le budget de la Sécurité sociale pour 2025 a été largement approuvé au Sénat ce mardi 26 novembre avec 202 voix pour et 109 contre. Le vote a été marqué par l’abstention des macronistes, qui continuent d’engager un bras de fer avec le gouvernement sur les efforts demandés aux entreprises dans ce projet à haut risque pour Michel Barnier.
Sans surprise, le texte a été soutenu en bloc par la majorité sénatoriale composée des groupes LR (droite) et Union centriste, avec l’appui des Indépendants proches d’Edouard Philippe, tandis que les trois groupes de gauche (socialiste, écologiste et communiste) ont voté contre, de même qu’une partie des Radicaux (centre-gauche) et les quelques élus RN (extrême droite).
Mais le petit groupe macroniste, qui compte une vingtaine de sénateurs, s’est majoritairement abstenu, adressant un signal d’alerte en direction du gouvernement, à la veille d’une réunion cruciale, mercredi à 14H00, entre députés et sénateurs, chargés d’aboutir à une version de compromis lors d’une commission mixte paritaire (CMP).
« Notre groupe ne peut se satisfaire des mesures d’économies sur le travail retenues par le gouvernement », a lancé Dominique Théophile, le représentant de ce groupe à la Haute assemblée. Car une divergence majeure persiste sur une mesure phare, la réduction des allègements de cotisations patronales.
Le gouvernement proposait un effort de quatre milliards d’euros sur les entreprises, le Sénat l’a réduit à trois milliards… Mais les parlementaires Renaissance continuent de demander la suppression totale de la mesure.
Les négociations pourraient donc s’étirer jusqu’à la CMP, où les troupes de la coalition seront majoritaires. Avec une menace des députés Ensemble pour la République (EPR) : pourraient-ils bloquer tout accord ? Ce mardi matin, en réunion de groupe, ils n’ont pas tranché. « Le groupe souhaite poursuivre les échanges », y compris avec le gouvernement et les sénateurs, a fait savoir un participant. « On continue de faire monter la pression », assume un autre. Les députés EPR ont prévu de se retrouver à nouveau mardi soir ou mercredi dans la matinée.
15 milliards d’euros de déficit
La copie du Sénat adoptée ce mardi reste assez fidèle au projet initial, assumant des milliards d’économies alors que les finances sociales sont en berne. Selon le gouvernement, l’examen du texte au Sénat a permis de réduire d’un milliard supplémentaire le déficit prévisionnel de la Sécu, estimé à 15 milliards, contre 16 milliards selon l’objectif initial et 18,5 milliards en 2024.
Retraités, assurés, entreprises, patients, professionnels de santé… Tout le monde est mis à contribution dans le texte truffé de mesures jugées sensibles jusque dans la nouvelle coalition, et dénoncées par la gauche.
« Le gouvernement a cédé aux batailles politiques internes à son bancal socle commun », s’est indignée la sénatrice socialiste Annie Le Houérou. Il prévoit une augmentation des retraites de la moitié de l’inflation au 1er janvier, puis d’une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.
Diverses taxes sur les sodas, le tabac et les jeux d’argent ont également été votées par le Sénat, ainsi qu’une contribution de sept heures de « solidarité » par an travaillées sans rémunération par tous les salariés pour financer la dépendance, une mesure très critiquée à gauche, mais qui pourrait disparaître de la copie finale.
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