Malgré la défaite aux législatives, LR en passe de peser sur le futur gouvernement
POLITIQUE – C’est l’histoire d’un parti qui fait 7 % aux élections européennes. D’une famille qui se déchire après la dissolution. D’une formation qui n’appelle pas au « front républicain » contre l’extrême droite. Et d’une force politique qui passe de 64 à 47 députés (sur 577) entre 2022 et 2024, après avoir obtenu 5,41 % des suffrages exprimés au second tour des élections législatives. Et pourtant, depuis la nomination de Michel Barnier à Matignon, ce sont bien Les Républicains qui sont en position de force après cet été politique chaotique.
L’un des leurs a été nommé Premier ministre, et voici que Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau et Gérard Larcher ont été reçus ce vendredi 6 septembre par le futur chef du gouvernement, avant les représentants du bloc arrivé en tête au mois de juillet, le Nouveau Front populaire. « Pour nous, c’est l’occasion de montrer qu’on peut de nouveau occuper un espace politique, douze ans après avoir quitté Matignon », décrypte, lucide, le député LR de la Loire Antoine Vermorel-Marques, cité par Le Monde. Du reste, le parti de droite est bien parti pour compter des membres au sein du gouvernement, ce que refusait pourtant récemment Laurent Wauquiez.
« Rien n’est décidé », mais…
L’hypothèse n’est désormais plus taboue, au point que Les Républicains fixent dorénavant leurs conditions pour une éventuelle participation. « On veut sortir la France du blocage et on a dit qu’on assumerait nos responsabilités. Mais on ne le fera que sur un programme qui donne la garantie de répondre aux préoccupations des Français et rien d’autre », a déclaré Laurent Wauquiez en sortant de cet entretien qui a duré deux heures, soit une de plus que l’échange entre Michel Barnier et Gabriel Attal, président du groupe Renaissance à l’Assemblée.
« Rien n’est décidé et c’est en fonction de ce programme que les décisions seront prises », a poursuivi le député de Haute-Loire, avant de lister les « priorités » de la droite : « le pouvoir d’achat par le travail et pas par l’assistanat, les questions de sécurité et d’immigration ». Rien de bien incompatible avec les orientations politiques du Premier ministre, bien au contraire. Autre ligne rouge fixée par LR, les rapports avec Emmanuel Macron. Le parti de droite veut effectivement s’assurer que le Premier ministre dispose d’une réelle de marge de manœuvre avant de sauter le pas. « Si [c’est] un Premier Ministre collaborateur, auquel cas ce pourrait être sans nous, ou est-ce qu’il sera un Premier ministre de plein exercice ? », a interrogé le patron des sénateurs, Bruno Retailleau.
L’enjeu de la neutralité du RN
À en croire Le Figaro, cette condition est sur le point d’être remplie, l’Élysée envisageant de changer de logiciel, en supprimant toutes les antennes qui reliaient le chef de l’État à son Premier ministre : plus de représentant du Palais aux réunions interministérielles, plus de conseillers thématiques partagés entre l’Élysée et Matignon et une liberté assurée à Michel Barnier pour le choix de son chef de cabinet. Ce qui, a priori, apparaît compatible avec les exigences fixées par Les Républicains.
D’autant que, pour survivre, le futur gouvernement devra bénéficier de la neutralité du Rassemblement national. Et elle n’est pas gratuite. Ce qui implique de porter des mesures dures sur l’immigration et la sécurité, en accord total avec les idées défendues par Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau. Une configuration dans laquelle le NFP, pourtant arrivé en tête le soir du 7 juillet, serait donc écarté et réduit au rang d’opposition. De quoi donner à ce dénouement politique, baroque au regard du verdict des urnes, des allures bibliques. Ou, plus précisément, rappeler l’Évangile selon Matthieu : « Ainsi, les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers. ».
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