Malgré la promesse de Macron, le retour de l’eau à Mayotte se fait au compte-gouttes
MAYOTTE – Un retour très, très progressif. Dans un entretien à plusieurs médias mahorais vendredi 20 décembre, Emmanuel Macron avait promis que « tous les foyers seront à nouveau raccordés » à l’eau à partir de ce samedi à Mayotte. Mais malgré la mise en place de « tours d’eau » et des distributions de bouteilles, la ressource manque encore cruellement.
La promesse du chef d’État de rétablir l’eau au plus vite après le passage du cyclone Chido va en réalité prendre du temps. Si l’eau coule de nouveau du robinet dans certains quartiers, jusqu’au 27 décembre, les foyers de Mamoudzou n’auront accès à l’eau que durant huit heures par jour, deux jours sur trois, alors que les températures extérieures dépassent les 30 degrés.
Un planning des tours d’eau, mais encore de nombreuses coupures
Samedi matin, un planning des tours d’eau a été dévoilé, comme le souhaitait Emmanuel Macron. Selon leur secteur d’habitation, les habitants ont donc leur robinet ouvert à un certain moment de la journée. Mais ce planning reste « informatif », ont indiqué les services de gestion du réseau, la SMAE et le syndicat des Eaux de Mayotte, rapporte Mayotte La 1ère. Effectivement, les Mahorais n’auront pas forcément de l’eau chez eux, cela « dépendra des niveaux dans les réservoirs ». La consigne est donnée « d’économiser l’eau au maximum tant que le réseau n’est pas rétabli ».
Et la qualité de l’eau n’est pas non plus optimale : l’Agence régionale de santé (ARS) conseille de la faire bouillir pendant trois minutes avant de la consommer.
« Il y a encore des coupures », ont déploré des habitants de l’archipel à des journalistes de BFMTV ce samedi, comme vous pouvez l’entendre dans la vidéo ci-dessous. Dans certains quartiers, l’eau n’a pas coulé depuis une semaine.
Dans le quartier de La Geôle, à Mamoudzou, Shalima a profité samedi de cette première journée d’eau aux pompes publiques pour venir avec d’autres femmes laver son linge sur un parking. « Ça fait du bien au moral. Parce que les habits qu’on a là, ce sont les mêmes depuis vendredi dernier. La prochaine étape, c’est de pouvoir manger. On nous rapporte un sandwich par jour, mais c’est pas suffisant », raconte cette femme qui n’a vu aucun représentant de l’État depuis le cyclone.
Boire de l’eau salée sinon « mourir »
Dans ce quartier mixte d’habitat précaire et de maisons en béton, Adjilani Asadi explique boire l’eau des citernes, même si elle est salée. « Il n’y a pas le choix, sinon on va mourir », témoigne-t-il.
De l’eau en bouteille a également été distribuée à Mamoudzou et de nombreux habitants rentraient chez eux avec un pack. Un porte container de CMA-CGM doit livrer dimanche 1,6 million de litres d’eau, a indiqué samedi le ministère de l’Intérieur.
Au-delà des promesses d’Emmanuel Macron, régler la pénurie d’eau à Mayotte nécessitera bien plus que des mesures d’urgence. Les Mahorais connaissent depuis plus de 30 ans des crises de l’eau à répétition. « À moyen terme, il va falloir investir pour réparer et remettre le réseau d’eau à niveau. Ce qui n’a pas été fait depuis 20, 30, voire 40 ans », plaidait Emmanuel Soncourt, hydrogéologue, interrogé par Le HuffPost en début de semaine. Il appelait « en priorité » à réparer les fuites des infrastructures actuelles pour préserver le peu de quantité d’eau douce disponible et éviter la propagation de maladie, comme le choléra.
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