Malgré les polémiques, les Français favorables à l’éducation sexuelle à l’école – EXCLUSIF
POLITIQUE – Pas de grande opposition, au contraire. Derrière le débat caricatural et les polémiques autour de ce sujet inflammable, les Français sont plutôt favorables au programme d’éducation sexuelle et affective à l’école. Un projet est en concertation depuis le printemps dernier et doit être présenté devant le Conseil supérieur de l’éducation avant la fin de l’année.
Selon un sondage mené par l’institut YouGov et publié dimanche 8 décembre par Le HuffPost, 54 % des Français ont entendu parler de ce programme dont la mise en oeuvre est prévue à la rentrée prochaine. Au total, 58 % des sondés jugent qu’il s’agit d’une « bonne chose », quand 28 % estiment, à l’inverse, le projet néfaste.
Un taux d’approbation qui tranche avec les réticences exprimées dans la sphère politique, parfois à renfort de fausses informations, sur cette future feuille de route censée répondre à la loi qui, depuis 2001, rend obligatoire l’éducation sexuelle dans les écoles, collèges et lycées. En théorie, chaque élève doit bénéficier de trois séances annuelles au moins. Ce qui, dans les faits, n’est pas souvent respecté.
Récemment, plusieurs responsables de droite (et un ministre délégué) ont repris à leur compte l’argumentaire d’organisations réactionnaires et proches de l’extrême droite qui mettent en place un véritable lobbying pour contrer cette initiative pédagogique. À l’appui, notamment, des tracts mensongers, comme l’a souligné Le Monde, qui relaient le témoignage d’élèves « choqués et traumatisés », ceci alors que le programme n’est pas encore public, ni appliqué.
Débat éruptif
Le 27 novembre, c’est donc le ministre Alexandre Portier qui reprenait les marottes de ces organisations au Sénat, expliquant par exemple qu’il s’engageait à ce que la « théorie du genre » ou le « militantisme » soient expurgés du texte. Une sortie soutenue par 100 sénateurs de droite, dans une tribune publiée dans les colonnes du Figaro. Mais réprimandée par sa ministre de tutelle, la macroniste Anne Genetet, favorable au programme.
Car derrière ces fantasmes tenaces de la droite conservatrice, la différenciation entre sexe, genre et orientation sexuelle est bien au programme à partir de la classe de 5e. Mais cela répond en réalité au besoin de prémunir les adolescents de possibles délits. « L’identité de genre fait partie des motifs de discriminations inscrits dans le Code pénal », rappelle auprès du Monde l’entourage d’Anne Genetet, en soulignant par ailleurs que le projet évoque l’éducation à la vie affective et relationnelle à l’école primaire et y ajoute « à la sexualité » au collège et au lycée.
Dans ce contexte, il est intéressant de noter que le soutien à ce programme est plutôt massif quelle que soit l’orientation politique des Français sondés. Selon le sondage réalisé par YouGov, 78 % des électeurs macronistes (et 71 % des électeurs du Nouveau Front populaire) jugent que c’est une bonne chose. Même les électeurs des Républicains sont favorables à 58 %. Seuls les sympathisants du Rassemblement national apparaissent divisés (43 % pour, 44 % contre).
Pour les associations féministes et de lutte contre les violences faites aux femmes, comme pour de nombreux syndicats, l’éducation à la vie sexuelle joue un rôle « fondamental » en matière de prévention. « Il est absolument nécessaire de consolider l’existence de ce programme », estime par exemple la secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées, notamment « dans le contexte du procès Mazan, où on voit qu’il y a quand même bon nombre d’accusés qui ne savaient pas ce qu’est le consentement. »
L’enquête a été réalisée du 2 au 5 novembre 2024 sur 1006 personnes représentatives de la population nationale française âgée de 18 ans et plus. Le sondage a été effectué en ligne, sur le panel propriétaire YouGov France.
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