Malgré sa démission, Macron laisse deux jours à Lecornu pour (re)faire un gouvernement
POLITIQUE – Emmanuel Macron persiste et signe. Quelques heures après avoir accepté la démission de son Premier ministre Sébastien Lecornu, le président de la République a décidé de le rappeler dans le but de nommer un nouveau gouvernement, malgré l’échec lamentable de sa première tentative en la matière.
Dans un communiqué envoyé en fin de journée ce lundi 6 octobre, l’Élysée annonce lui confier la mission de mener « d’ici mercredi soir d’ultimes négociations » afin d’aboutir à une « plateforme d’action ». Dit autrement, le président de la République laisse à l’intéressé deux jours pour réussir ce qu’il n’a pas réussi en trois semaines.
Le RN censuera tout futur gouvernement
« J’ai accepté à la demande du Président de la République de mener d’ultimes discussions avec les forces politiques pour la stabilité du pays. Je dirai au chef de l’Etat mercredi soir si cela est possible ou non, pour qu’il puisse en tirer toutes les conclusions qui s’imposent », a renchéri le Premer ministre démissionnaire sur son compte X, laissant entendre que le locataire de l’Élysée pourrait prononcer une nouvelle dissolution en cas d’échec.
La situation, proprement inédite sur le plan institutionnel, sidère les oppositions. « Les macronistes ont trouvé un négociateur, un Premier ministre démissionnaire pour négocier sa démission », a ironisé le député des Alpes-Maritimes, et patron de l’UDR, Eric Ciotti, qui appelle à la censure automatique des futurs gouvernements éventuels composés par la Macronie. « Cette farce grossière est pathétique. Ces gens ne sont pas seulement médiocres, ils sont dangereux », juge de son côté le député écolo Benjamin Lucas.
« Lecornu a été censuré sous les gouvernement Barnier/ Bayrou. Il a pourtant été nommé Premier Ministre. Et a démissionné. Mais Macron charge ce même Lecornu de continuer cette politique qui n’a plus aucune légitimité. La fin de règne de la Macronie est interminable. Qu’ils s’en aillent tous ! », a insisté sur le même réseau social la présidente du groupe LFI Mathilde Panot.
Macron tirera toutes les conséquences
Sur le papier, il semble effectivement exister un trou de souris permettant à un Premier ministre (mais pas Sébastien Lecornu qui ne veut pas être renommé) de faire un gouvernement qui ne conduirait pas à fâcher Les Républicains, puisque Bruno Le Maire (l’étincelle qui a mis le feu à la liste dévoilée dimanche) a annoncé qu’il renonçait à récupérer le portefeuille des Armées. Sauf que rien, à ce stade, n’indique qu’une telle équipe pourrait résister à l’Assemblée nationale, tant le Parti socialiste tout comme le Rassemblement national semblent excédés par la tournure des événements, qui ne fait que prolonger la crise provoquée par la dissolution ratée prononcée par Emmanuel Macron en juin 2024.
En effet, difficile d’imaginer que la gauche (qui revendique Matignon) refusera de censurer cet éventuel futur gouvernement, tout comme le RN, qui brûle de repartir en campagne. D’autant que le président lui-même dit à travers son entourage qu’il tirera « toutes les conséquences » de cette impasse. Autant donner au RN un argument de plus en faveur d’une censure. Et d’admettre devant la France entière que le chef de l’État préfère prendre le risque de voir l’extrême droite à Matignon, plutôt que de gouverner avec une gauche hostile à son bilan.


