Politique

« Mediapart » maintient ses infos sur Bayrou dans l’affaire Bétharram et ajoute une pièce au dossier

POLITIQUE – L’affaire lui colle à la peau et ne semble pas lui offrir beaucoup de répit. François Bayrou, interpellé à l’Assemblée par le député LFI Paul Vannier, a beau avoir démenti, le journal d’investigation Mediapart maintient ses informations, ce mercredi 12 février, et enfonce même le clou.

La veille, le Premier ministre a été invité dans l’hémicycle à réagir sur l’Affaire Bétharram auquel son nom est désormais mêlé. « J’affirme que je n’ai jamais été informé de quoi que ce soit de violences ou de violences a fortiori sexuelles. Jamais », a-t-il assuré face à la représentation nationale.

Le chef du gouvernement est accusé d’avoir été informé dès la fin des années 1990 de soupçons de violences et de violences sexuelles, entre les années 1970 et 1990, au sein du collège-lycée Notre-Dame de Bétharram, un établissement scolaire catholique près de Lourdes, où il a lui-même scolarisé ses enfants. Et de n’en avoir jamais parlé ou de n’y avoir jamais réagi. Devant les députés, François Bayrou a annoncé porter plainte pour diffamation et affirmé qu’il n’aurait jamais envoyé ses enfants dans cet établissement s’il avait eu connaissance des faits. Ce mercredi, il a dénoncé au Sénat des « polémiques artificielles ».

Le Premier ministre assure que, lorsque la première plainte avait été déposée, il avait déjà quitté ses fonctions de ministre de l’Éducation nationale : « J’ai quitté le ministère en mai 1997 ». Sauf que Mediapart rappelle ce mercredi que la première condamnation d’un surveillant général pour des faits de violences date de juin 1996.

Le média en ligne, tout comme l’AFP, a également contacté plusieurs témoins qui disent avoir informé directement François Bayrou des soupçons de violences. C’est notamment le cas d’une enseignante de 1994 à 1996 qui dit avoir prévenu l’épouse du Premier ministre, mais aussi ce dernier à l’occasion d’un événement public.

Un accusé de réception fragilise Bayrou

Un ancien élève, victime des abus dénoncés au sein de l’établissement a également adressé à la mairie de Pau un courrier avec accusé de réception. Le bordereau montre qu’il a bien été reçu en mars 2024, mais la missive qui raconte des faits d’attouchements subis à la fin des années 1950, est restée sans réponse selon Mediapart.

En mars dernier, interrogé par Le Parisien, François Bayrou avait répondu que « la rumeur, il y a 25 ans, laissait entendre qu’il y avait eu des claques à l’internat », ajoutant n’avoir « jamais entendu parler (…) de risques sexuels ».

Mediapart rappelle par ailleurs que François Bayrou a bien rencontré – il l’a reconnu lui-même – le juge Christian Mirande qui a mis en examen en 1998 un directeur de l’établissement pour viol. Selon ce dernier, leur échange n’a pas porté sur autre chose que l’affaire. L’accusé s’est suicidé avant une convocation judiciaire. À ses obsèques, l’épouse de François Bayrou était présente assure auprès de Mediapart Thierry Sagardoytho, avocat du plaignant pour viol.

Si pour la première fois, François Bayrou a eu publiquement des mots pour les victimes lors de sa prise de parole à l’Assemblée, l’affaire commence à prendre un certain poids politique. Outre LFI, qui sur la base des révélations médiatiques accuse le Premier ministre de mentir, la députée Génération.s Sophie Taillé-Polian, juge ce mercredi les nouveaux éléments accablants. « François Bayrou aurait menti devant l’Assemblée nationale et aurait ignoré les alertes sur les violences pédocriminelles à Notre-Dame De Bétharram. C’est grave et incompatible avec sa fonction » a-t-elle cinglé sur X.

Dans la foulée, le Parti socialiste a exigé en début d’après-midi que « toute la lumière soit faite ». « Des articles publiés depuis apportent des éléments qui contredisent la version du Premier ministre. S’ils étaient avérés, cela constituerait un mensonge et donc une faute grave », juge le PS qui estime que le Premier ministre « doit la vérité » aux victimes.

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