Mohamed Amra extrait de prison pour un interrogatoire ? Darmanin et Retailleau pas alignés
FAITS-DIVERS – Son évasion a coûté la vie à deux agents pénitentiaires. Alors que Mohamed Amra doit prochainement être interrogé par un juge, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a indiqué ce mercredi 4 juin qu’il préférait que le magistrat se déplace plutôt que d’extraire le détenu de sa prison ultra-sécurisée. La veille, le ministre de la Justice Gérald Darmanin tentait pourtant de calmer les inquiétudes des syndicats sur cette extraction.
« Faire sortir des types aussi dangereux d’une prison, ce sont des risques majeurs. Il faut que nous nous y adaptions et qu’on entende soit que le juge se déplace, soit qu’il y ait une visioconférence », a lancé le ministre de l’Intérieur sur RTL.
Mohamed Amra, narcotrafiquant de 31 ans, poursuivi notamment pour meurtres en bande organisée en récidive, doit être extrait la semaine prochaine de sa prison de Condé-sur-Sarthe pour être interrogé à Paris, dans le bureau des juges d’instruction de la Juridiction nationale de lutte contre le crime organisé (Junalco).
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« Chaque extraction consomme des moyens du ministère de l’Intérieur – et ça coûte cher aux contribuables – mais surtout, à chaque fois, ce sont des risques et nous nous sommes battus sur la loi narcotrafic pour qu’il y ait précisément un dispositif qui rend obligatoire l’audition de ces gens-là par visioconférence », a ajouté Bruno Retailleau. « C’est fondamental parce que sinon nos policiers, gendarmes, les agents de la pénitentiaire peuvent risquer leur vie », a-t-il souligné.
De « magnifiques conditions »
De son côté, le ministre de la Justice Gérald Darmanin s’est positionné sur une ligne un peu différente. Invité du 20 heures de TF1 mardi 3 juin, le garde des Sceaux s’est dit certain « qu’il ne se passera rien » durant cette extraction. Le ministère de l’Intérieur, « qui aura la responsabilité de ce transfert, le fait dans de magnifiques conditions que ce soit le GIGN ou le Raid », a-t-il martelé.
Pour autant, il a lui aussi renvoyé à la loi narcotrafic adoptée au Parlement, disant attendre « la décision du Conseil constitutionnel qui permettra demain de faire (les interrogatoires, ndlr) en visio et empêchera peut-être (…) ces efforts d’argent déployés pour ce monsieur qui ne mérite pas ».
Cette extraction prochaine a indigné les syndicats pénitentiaires. « Nous sommes outrés et scandalisés de cette extraction judiciaire », a ainsi déploré auprès de l’AFP Wilfried Fonck, secrétaire national Ufap Unsa Justice. « Aujourd’hui, le magistrat décide si on doit lui présenter le détenu ou non », a pesté Emmanuel Baudin, secrétaire général de FO-Justice, considérant que les magistrats ne prenaient pas « la mesure du danger des extractions de ce type de détenus ».
Lors d’une précédente extraction, en mai 2024, de Mohamed Amra, multirécidiviste déjà détenu pour d’autres affaires judiciaires, deux agents pénitentiaires avaient été tués et trois autres grièvement blessés. « La Mouche » avait ensuite passé neuf mois en cavale avant d’être arrêté le 22 février à Bucarest en Roumanie.