Omerta, famille Bayrou… « Complément d’enquête » passe au crible l’affaire Bétharram
TÉLÉVISION – Une affaire tentaculaire efficacement racontée en un peu moins d’une heure. Complément d’enquête diffuse, ce jeudi 22 mai sur France 2, un numéro consacré au scandale pédocriminel de Bétharram. Du nom de cet établissement scolaire privé, situé entre Pau et Lourdes, et contre lequel près de 200 personnes ont déposé plainte pour y avoir subi des violences physiques et sexuelles.
Une semaine après l’audition éruptive de François Bayrou par la commission d’enquête parlementaire, le documentaire de France 2 a mis les formes avec des images et des documents relativement inédits. Si les caméras n’ont visiblement pas pu entrer dans l’établissement, ce sont des clichés de l’intérieur de l’établissement, tel le réfectoire ou certaines parties communes qui sont montrés.
Sur le fond de l’affaire, le documentaire décortique, à force de témoignages et d’interviews, le système de l’omerta et des moyens de pression mis en place par ceux qui voulaient défendre à tout prix l’établissement. Même si « tout le monde savait » pour ce « village des pédophiles ».
Pression politique et confidences familiales
Deux moments interpellent particulièrement dans les témoignages et visent notamment l’entourage du Premier ministre. Un ancien élève assure ainsi face caméra avoir confié à Elisabeth Bayrou son mal-être au sein de l’école, mais que cette dernière qui a donné des cours de catéchisme pendant neuf mois à Bétharram « a toujours essayé de relativiser ». Selon ce témoin, « elle n’a jamais pris en compte notre parole ».
Pire peut-être, Jean-François Lacoste-Séris, parent d’élève dont le fils, Marc, avait perdu 40 % de son audition après une baffe par un surveillant, et qui a porté plainte en 1995, raconte avoir subi des pressions. Selon lui, Pierre Laguilhon (décédé en 2015) qui était le suppléant de François Bayrou à l’époque, et a d’ailleurs pris son siège de député lorsqu’il est devenu ministre de l’Éducation nationale, l’a interpellé pour le décourager de déposer plainte : « C’était un binôme inséparable, et on ne peut pas imaginer que monsieur Bayrou n’ait pas eu une seule fois écho de ce qui se passait à Bétharram ».
Cet épisode de la gifle donnera d’ailleurs lieu au fameux rapport de 1996, demandé par François Bayrou, sur lequel là aussi le documentaire revient en longueur. Et ce, en mettant l’accent sur ses zones d’ombre, alors que l’inspecteur qui l’a effectué admet lui-même qu’il l’a « bâclé ».
De la même manière, « Complément d’enquête » est allé jusqu’en Italie pour retrouver ceux qui avaient fréquenté le père Carricart. Pourtant sous le coup d’une enquête en France, il a été « exfiltré » à Rome, où il s’est suicidé, après avoir été accusé de viol par un élève en 1998. France 2 donne également la parole à Hélène Perlant la fille de François Bayrou, qui continue de garder ses distances avec le Premier ministre, mais également Alain Esquerre, ancien élève, et la professeure Françoise Gullung, dont les rôles dans cette affaire sont régulièrement qualifié de lanceur d’alerte.
« Complément d’enquête » : « Abus, silence et compromissions : le scandale Bétharram », est à retrouver sur France 2 à partir de 23 heures ce jeudi 22 mai.
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