Politique

« Paille » et « poutre » : Barrot répond à Vance sur la liberté d’expression en Europe

INTERNATIONAL – « C’est l’Amérique et ses valeurs qui sont en jeu ». Après les mots durs et inquiétants du vice-président des États-Unis sur la liberté d’expression en Europe lors du sommet de Munich sur la sécurité, le ministre français des Affaires étrangères contre-attaque ce mardi 18 février.

Au micro de franceinfo, Jean-Noël Barrot, également ministre de l’Europe, a renvoyé le numéro 2 de l’administration Trump dans les cordes après les vives critiques de ce dernier. Plus que « la Russie », « la Chine » ou « un autre acteur externe », J.D. Vance s’était dit « inquiet » du « recul de l’Europe par rapport à certaines de ses valeurs les plus fondamentales ». Si « votre démocratie peut être détruite avec quelques centaines de milliers de dollars de publicité numérique d’un pays étranger, alors elle n’était pas très forte », avait-il lâché à destination de ses « amis européens ».

La réponse du chef de la diplomatie française ? « S’agissant de la vie démocratique, chacun chez soi. Merci, au revoir », a répliqué Jean-Noël Barrot après avoir été interrogé sur l’hypothèse d’« une guerre idéologique avec les Américains aujourd’hui ».« Plutôt que de regarder la paille dans l’œil de son voisin, regardons la poutre qui est dans le nôtre », a-t-il conseillé avec « respect » au vice-président américain. « Nous n’avons pas de leçon à recevoir sur la manière dont nous organisons notre débat public », a encore ajouté le ministre.

L’extrême droite en prend pour son grade

Mais la réponse de Jean-Noël barrot ne s’est pas cantonnée au « VP » américain. « Ce qui m’estomaque plus que le discours de J.D. Vance, c’est de voir des commentateurs français, des responsables politiques français, se prosterner littéralement devant Elon Musk, ses amis, et leur idéologie. » Ciblant ainsi, sans les nommer, Jordan Bardella ou Éric Ciotti, qui « nous disent que la liberté d’expression est brimée en Europe ». « Mais qu’est-ce qu’ils veulent exactement ? La liberté d’injurier, diffamer, de faire l’apologie du terrorisme, pouvoir tenir des propos racistes et antisémites en toute impunité… », s’est-il emporté.

La liberté d’expression ? « Nous en avons défini les contours en 1789. Ce sont des révolutionnaires qui l’ont fait. Donc pas des technocrates qui voulaient étouffer dans leurs bureaux l’expression du peuple souverain. Et eux-mêmes, au premier jour, on dit que la liberté d’expression n’était pas la liberté de crier plus fort que les autres, ni la liberté d’opprimer le plus faible », a fini par lâcher Jean-Noël Barrot. Avant de viser plus directement le président du RN, parti qui « n’a pu participer à la vie démocratique que parce que nous avons des règles (..) qui permettent à chacun de s’exprimer ». « Vouloir remettre maintenant remettre en question ces règles-là, je trouve que c’est irresponsable et lâche », a cinglé le ministre.

Avant cette longue tirade contre la réappropriation du discours de J.D. Vance par l’extrême droite française, Jean-Noël Barrot avait déjà évoqué son désaccord profond avec le vice-président des États-Unis dès samedi en affirmant que « personne n’est obligé d’adopter notre modèle, mais personne ne peut nous imposer le sien ». Le message de Paris en direction de Washington a le mérite d’être clair.

À voir également sur Le HuffPost :

La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous.