Politique

Pendant les JO, la gauche au défi (compliqué) de faire vivre l’option Castets

POLITIQUE – Il y a une semaine, la France découvrait son nom : Lucie Castets, 37 ans, haute fonctionnaire et jusqu’alors directrice financière de la mairie de Paris. La voilà propulsée par le Nouveau Front Populaire « candidate » pour Matignon. Mais entre la « trêve » olympique décrétée par le président de la République et l’absence de majorité à l’Assemblée, difficile pour la gauche d’imposer son choix au chef de l’État.

Le 24 juillet, c’est le saut dans le grand bain. Lucie Castets est invitée de la matinale la plus écoutée du pays sur France Inter. Alors que la veille, Emmanuel Macron a balayé la proposition de la gauche sans même la nommer, elle ne baisse pas les bras : « Je demande au président de prendre ses responsabilités et de me nommer Première ministre », lance-t-elle. Le ton est un peu hésitant, les notes souvent consultées. Le lendemain sur BFMTV, elle semble plus à l’aise et détaille ses premières mesures.

Une « candidate » en campagne sur le terrain

Le 26 ? Pas de sortie médiatique. L’heure et les esprits sont à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques et même les cadres du NFP le concèdent, bon gré mal gré. Sur X néanmoins, Lucie Castets annonce son premier déplacement de « candidate à Matignon ». Ce sera le samedi 27 à Lille, terre de gauche confirmée aux européennes et aux législatives. « Venez me rencontrer à 16h place Casquette, je vous y attends », encourage-t-elle. Comme si elle était en campagne, comme si Matignon se gagnait à la ferveur populaire.

Les enjeux sont clairs. Un, se faire connaître des Français (et tuer dans l’œuf tout procès en parisianisme). Deux, mettre la pression sur Emmanuel Macron. « La carte dont je dispose, c’est montrer que je suis prête, qu’on est au travail, et lui rappeler que la logique institutionnelle est de désigner le groupe qui est arrivé en tête aux élections », martèle-t-elle depuis Lille. Elle en remet une couche le lendemain dans une interview à La Tribune Dimanche.

Lundi 29 juillet, son équipe travaillait toujours à son programme de la semaine. Ce sera finelement un déplacement mercredi dans la région Centre pour parler travail et industrie, avec notamment la visite d’une usine. Lucie Castets doit aussi s’entretenir dans la semaine avec l’intersyndicale composée de la CFDT, CGT, Unsa, FSU et Solidaires, précise son entourage.

Une course de fond d’au moins deux semaines

Reste qu’il faudra tenir le rythme. Durée de l’épreuve : au moins jusqu’au 11 août, jour de clôture des Jeux olympiques. Emmanuel Macron n’a pas catégoriquement fixé de date pour nommer son futur Premier ministre, laissant planer le doute sur un maintien du gouvernement démissionnaire après les Jeux Paralympiques (28 août – 8 septembre). Selon un membre du gouvernement à l’AFP, un Conseil des ministres est envisagé le 12 août mais sans confirmation à ce stade.

La course contre la montre est dans tous les esprits. D’un côté, le NFP qui dénonce par avance un « sabotage » présidentiel. « On sait que dans les services des ministères actuellement, on prépare le budget, et que si on est nommé dans trois semaines, on pourra faire moins de choses que si on est nommé maintenant. Le 15 septembre, ce sera quasiment trop tard pour plein de choses », peste Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes depuis Lille.

En face, Emmanuel Macron en « maître des Horloges » qui entend bien le rester. À demi-mot, le président a fixé comme critère de nomination à Matignon la capacité à créer des « compromis » entre les partis « républicains », hors RN et LFI. Mais une semaine plus tard, les rapports de force n’ont pas bougé. Certes, après avoir jugé « impossible » une coalition avec le camp présidentiel, Lucie Castets s’est dite prête à aller « chercher des compromis avec les autres groupes », hors RN. Mais le camp présidentiel est toujours divisé entre son aile droite et son aile gauche : quand l’eurodéputé Renew Pascal Canfin plaide pour « créer des ponts » avec le NFP, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin complimente Xavier Bertrand. Et pendant ce temps, l’horloge tourne.

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