Pour 2027, Ruffin prône une primaire « de Poutou à Hollande » (et compte la gagner)
POLITIQUE – Le député Picard accélère. Dans une interview accordée à Libération ce mercredi 21 mai, François Ruffin sort du bois dans l’optique de la présidentielle 2027. Et selon celui qui a rompu avec la France insoumise, seule une primaire permettra à la gauche de retrouver le chemin du pouvoir, et d’éviter une victoire de l’extrême droite.
« C’est soit la stratégie des primaires, soit la stratégie déprimante », illustre-t-il, imaginant un processus qui devra « traverser la France comme une fête en fanfare » afin de proposer un récit entraînant, à l’image de la campagne du Nouveau Front populaire lors des législatives anticipées. Une « primaire geyser » qui « ne soit pas qu’une élection de départage, mais un moment de débordement ». Autrement dit : une séquence électorale censée irradier le débat public des thèmes de la gauche.
Invité sur franceinfo, l’élu de la Somme a précisé les contours de son idée. « Je mets tout le périmètre du NFP, de Poutou à Hollande. Et ce sera le moment, peut être, que soit tranché ce que l’on veut pour le pays » , a-t-il expliqué, souhaitant que les électeurs de gauche puissent choisir entre une politique « d’accompagnement du marché » (comme le prônent les sociaux-démocrates) ou de « rupture tranquille, qui décide de prendre soin des gens et du vivant ».
François Ruffin affirme aussi avoir réfléchi aux modalités. Pour candidater, il faudra « « 100 000 parrainages citoyens, 250 de maires » et « dix idées, en guise de profession de foi ». Le fondateur de Picardie debout souhaite « un vote physique, avec un bureau de vote par canton » et cible « 2 à 3 millions de votants ». Côté calendrier, « des candidatures en avril 2026 et un vote à l’automne », pour « une élection à deux tours, sur le modèle de la présidentielle ».
« Je la remporterai »
Compte-t-il lui-même se porter candidat ? « Oui. Et je la remporterai », répond sans détour le réalisateur de « Merci Patron », qui estime avoir les atouts pour réitérer une victoire face au Rassemblement national. « Trois fois je les ai battus, dans des terres ouvrières. Dès cette primaire, il nous faut élargir, ramener des électeurs que nous avons perdus : le métallo d’Arcelor, la femme de ménage d’Amiens-Nord, le cariste de Martigues, l’auxiliaire de vie qui se fatigue… Je parle pour le monde du travail, les gens ordinaires qui tiennent le pays debout », affirme-t-il.
Reste que, pour organiser une primaire, il faut des participants. D’autant que du côté de la France insoumise, il est difficile d’imaginer Jean-Luc Mélenchon (déjà mis en orbite par les siens pour 2027) participer à ce genre de processus qu’il abhorre, tout comme la stratégie du Parti Socialiste dépendra fortement de l’issue de son Congrès prévu pour la mi-juin. « Ce serait mieux avec eux. Est-ce qu’ils diront tous oui demain matin ? Probablement pas. Mais il y a, au sein de chacun, des unitaires contre des identitaires. De toute façon, cette primaire aura lieu », veut croire François Ruffin, qui mise sur la « pression populaire » pour faire bouger les lignes au sein de la gauche.
Ancien proche de Jean-Luc Mélenchon, siégeant avec les écologistes depuis son éviction de LFI, Alexis Corbière a applaudi cette prise de position. « Merci François Ruffin de pousser en ce sens », félicite le député de Seine-Saint-Denis, soutenant toutes les initiatives unionistes en vue de 2027. Cette prise de risque de la part de l’élu Picard peut être perçue comme une façon d’offrir un récit alternatif à celui de LFI, qui entend imposer Jean-Luc Mélenchon par la force des choses en dépit des défauts d’images dont souffre le leader insoumis.
Dit autrement, refuser la politique du fait accompli instaurant fatalement le tribun LFI au centre du jeu, afin de maximiser les chances de la gauche au second tour. François Ruffin ne dit pas autre chose. « Jean-Luc Mélenchon c’est la garantie de la défaite au deuxième tour de l’élection présidentielle, quand on regarde face à Jordan Bardella, face à Marine Le Pen, c’est deux tiers des gens qui vont voter pour l’extrême droite plutôt que d’aller votre pour le candidat des insoumis », a grincé l’élu de la Somme, qui préfère que ce soit des « millions de personnes » qui, avant le premier tour, puissent choisir leur meilleur candidat.
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