Pour Emmanuel Macron, « l’économie de guerre » passe aussi par la poudre
POLITIQUE – C’est une expression — un brin galvaudée au regard de la réalité qu’elle recouvre — qui a fait son retour à l’aune de la guerre en Ukraine : « économie de guerre ». Emmanuel Macron, qui en a parlé la première fois en juin 2022 lors du Salon Eurosatory, redonnera corps à ce concept ce jeudi 11 avril lors d’un déplacement à Bergerac sur le site de l’usine Eurenco, leader européen dans la fabrication de matériaux explosifs, servant notamment à la confection de munitions.
L’occasion pour le chef de l’État, accompagné par le ministre des Armées Sébastien Lecornu (qui s’est déjà rendu sur place il y a quelques jours) et du ministre de l’Économie Bruno Le Maire, de poser la première pierre d’un nouveau site de production de poudre et vanter sur place la relocalisation de cette production stratégique, à l’heure où le réarmement de la France et le soutien militaire à l’Ukraine sont présentés comme prioritaires par l’Élysée.
« Les explosifs qui sont fabriqués par Eurenco entrent dans l’ensemble des munitions françaises et dans beaucoup de munitions européennes, que ce soient des bombes, des têtes de missiles, des têtes de torpilles, des obus et des munitions de moyen calibre », détaille la présidence, pointant « une très forte demande » dans ce secteur « depuis le début de cette guerre en Ukraine et le nouveau contexte géostratégique ».
Autonomie stratégique
Alors que l’entreprise est détenue par l’État, l’idée est donc d’augmenter ses capacités de production, dans le but d’assurer une autonomie stratégique sur ces matériaux qui, à titre d’exemple, équipent les munitions des fameux canons Caesar que Paris livre à Kiev. Objectif pour ce site : la production de 1 200 tonnes de poudre par an, et ce dès le premier trimestre 2025. Ce qui, à en croire l’Élysée, se répercutera quasi instantanément sur les livraisons en Ukraine.
« Pour sécuriser la production et la livraison de poudres au cours des prochaines années », Eurenco investira « entre 2024 et 2026 près de 500 millions d’euros pour accroître ses capacités de production », indique l’entourage du chef de l’État, précisant que l’effort vient en grande partie de la Commission européenne qui a investi 76 millions dans le programme (contre 10 millions pour la France). De quoi faire vivre le discours macronien de l’autonomie stratégique européenne en matière de défense. Courant mars, le ministre des Armées s’était félicité de l’enveloppe débloquée par Bruxelles en faveur de l’industrie française.
Autre rendez-vous au programme de l’agenda présidentiel, « une séance de travail privée avec les PDG des industries d’armement ». Objectif : « faire le point de situation sur l’état d’avancement des différentes entreprises en matière d’économie de guerre et d’aborder la suite des transformations qui sont plus structurelles à poursuivre pour notre Base industrielle et technologique de défense », indique l’Élysée, sans s’épancher sur les annonces que pourra faire le chef de l’État sur ce site qui coche plusieurs cases de son projet de « réarmement » : la réindustrialisation, l’emploi (150 supplémentaires emplois d’ici un an), les filières professionnelles et l’Europe de la défense.
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