Politique

Pour Richard Ferrand, la marche vers le Conseil constitutionnel s’avère plus bancale que prévu

POLITIQUE – Ce n’est pas parce qu’il s’agit d’une prérogative présidentielle que le chemin n’est pas semé d’embûches. Le Petit Poucet Richard Ferrand va devoir s’armer de ses petits cailloux les plus beaux et les plus convaincants ce mercredi 19 février face aux députés et sénateurs.

Désigné par Emmanuel Macron pour remplacer Laurent Fabius, qui achève son mandat de neuf ans à la tête du Conseil constitutionnel, il doit toutefois passer par la validation des deux commissions des Lois, de l’Assemblée et du Sénat. Si 74 commissaires sur les 122 s’opposent à sa candidature, il ne pourra accéder à la tête de l’institution. Or, ce mardi la marche s’annonce plus haute que prévu.

Les députés LR avaient prévenu dès vendredi par la voix de Laurent Wauquiez avoir un « problème » avec sa candidature. Pas question pour les élus de droite de donner leur blanc-seing à un choix perçu comme exclusivement politique, Richard Ferrand étant jugé trop proche d’Emmanuel Macron. Ce mardi 18 février, les députés LR ont tranché : hors de question de voter pour l’ancien député du Finistère. De quoi faire chuter l’ex-président de l’Assemblée ? Pas si vite. Car les élus de Laurent Wauquiez pèsent pour seulement six voix sur l’ensemble des commissionnaires.

C’est donc du côté de la droite sénatoriale que les regards se tournent, puisqu’elle compte 18 votants. Pour l’instant, aucune décision commune n’a été prise ou annoncée, mais plusieurs d’entre eux ont dit publiquement qu’ils entendaient voter contre le choix d’Emmanuel Macron. Et les autres ? Mystère.

Avantage Wauquiez

Et c’est là toute la difficulté pour Richard Ferrand, qui pourrait payer les pots cassés de la guerre ouverte entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, adversaires pour la présidence LR. Car le chef des députés de droite redore ici à peu de frais son blason auprès des militants : partenaires du socle commun certes, mais pas solubles non plus dans la macronie ou dans les choix de l’Élysée. D’autant que ce très proche du chef de l’État a le vilain défaut de venir de la gauche.

Une manière de rappeler que le centre du pouvoir se trouve désormais au Palais Bourbon, quand Bruno Retailleau apparaît cornérisé à Beauvau, et dans l’impossibilité de se désolidariser de l’exécutif. Forcé même de botter en touche sur le sujet Ferrand. « Quand vous êtes dans un gouvernement et c’est normal, vous ne pouvez pas vous désolidariser du Premier ministre, vous ne pouvez pas vous désolidariser d’Emmanuel Macron (…) Bruno l’a très bien dit : en raison de la séparation des pouvoirs, il ne peut pas s’exprimer sur le sujet », a rappelé, ravi, Laurent Wauquiez sur TF1 lundi matin.

C’est aussi à l’aune de ce qui se passera du côté des sénateurs LR, que Gérard Larcher pourra mesurer son autorité, remarque à cet égard un proche de Richard Ferrand interrogé par Le HuffPost. Le président du Sénat a, de l’avis de tous les spécialistes et observateurs, forcément donné son accord à Emmanuel Macron avant qu’il ne désigne Richard Ferrand. C’est dans tous les cas en ordre dispersé que voteront les commissionnaires LR de la chambre haute.

Ferrand loin d’être sauvé

« Je pense que ça va passer, mais que ça ne va pas être un triomphe », veut tout de même croire ce proche. Les calculs s’annoncent effectivement serrés. Du côté de l’Assemblée, la gauche va se prononcer contre. À cette opposition pourrait s’ajouter celle des élus RN, même si Marine Le Pen assure que ses troupes joueront « le jeu » des auditions. Au final le contingent des opposants à la chambre basse, pourrait avoisiner la trentaine, en comptant les députés LR.

Côté Sénat, les écologistes, les communistes, et les socialistes représentent une quinzaine d’élus. Reste à savoir comment se répartiront donc les 18 sénateurs LR, et si les élus du giron centriste et macroniste respecteront le choix élyséen. « J’ai déjà vu des parlementaires changer d’avis, dans un sens ou dans un autre, en fonction de l’audition. Je ne joue jamais le match avant le coup d’envoi » , a martelé la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet devant la presse à l’Assemblée nationale. En tout état de cause, c’est au moins sur le fil que le protégé d’Emmanuel Macron peut espérer s’installer rue de Montpensier. En cas d’échec, le camouflet éclaboussera quoi qu’il arrive le chef de l’État.

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