Politique

Pour Wauquiez, le « modèle » pour LR se trouve à l’extrême droite (et pas qu’en Italie)

POLITIQUE – C’est l’une des punchlines de Laurent Wauquiez, élaborée à l’occasion de sa campagne face à Bruno Retailleau. Pour le chef des députés LR, le parti dont il brigue (encore) la présidence pourrait faire l’objet d’une « dilution dans le macronisme » en cas de victoire de son concurrent au Congrès des Républicains. Au regard de ses récentes déclarations et prises de position, le ministre de l’Intérieur pourrait lui rétorquer que c’est une dilution dans l’extrême droite qui pourrait s’opérer en cas de victoire du député de Haute-Loire.

Car Laurent Wauquiez multiplie les clins d’œil appuyés au camp identitaire dans la dernière ligne droite de la campagne, laquelle se termine ce vendredi 16 mai. Jusqu’à ériger certaines de ses figures comme des exemples à suivre. À l’image de la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, que Laurent Wauquiez a cité en « modèle pour la droite » pour mieux flinguer son adversaire. « Parce qu’elle, au moins, il n’y a pas seulement des paroles, il y a des résultats », a-t-il précisé, dans une référence à peine voilée à Bruno Retailleau, accusé régulièrement d’être empêché malgré son portefeuille régalien.

« Je vois ce qu’elle a fait sur l’immigration illégale qu’elle a fait baisser de 65 % et ce qu’elle a fait en même temps sur le redressement de l’économie où elle a diminué le déficit budgétaire (et) s’est attaquée à l’assistanat », a encore félicité le député de Haute-Loire, au sujet de la dirigeante italienne, proche de Marion Maréchal. Raison pour laquelle Laurent Wauquiez plaide, sur le plan hexagonal, pour un rassemblement qui irait de Gérald Darmanin à l’eurodéputée zemmouriste Sarah Knafo.

Droite « hors les murs »

Pour autant : pas question selon lui d’envisager une alliance avec le RN, dont il persiste à dire que le projet économique est « d’extrême gauche ». Une fable tant le programme du RN (bien que coûteux sur le plan des dépenses) est bien d’inspiration libérale, ce qui s’est amplifié ces derniers mois (comme l’ont montré les débats budgétaires).

Détail intéressant, Giorgia Meloni, qu’il érige en « modèle », s’est alliée avec l’allié historique du RN sur place, la Lega de Matteo Salvini, pour accéder au pouvoir. Peu importe pour Laurent Wauquiez, le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella est un adversaire, à l’inverse de la galaxie zemmouriste qu’il voit d’un bon œil. Cette extrême droite identitaire qui parle « d’enracinement chrétien », qui défend la théorie conspirationniste et raciste du « grand remplacement », et qui plaide pour nombre de mesures contraires à l’État de droit.

Un positionnement qui trouve son intérêt stratégique dans l’optique d’une inéligibilité de Marine Le Pen, laquelle pourrait rebattre les cartes. « Il m’a proposé qu’on se voie juste après le congrès LR. Les militants LR m’aiment bien. Je pense qu’ils se sentent globalement proches de ce que je dis sur l’économie ou sur le terrain plus régalien. Pour Laurent Wauquiez, c’est aussi un signal envoyé. Montrer que, pour lui, mon positionnement est tout à fait acceptable », a confié au Point Sarah Knafo, admiratrice de l’administration MAGA autour de Donald Trump et de l’action d’Elon Musk à la Maison Blanche. En réalité, le positionnement de Laurent Wauquiez, plus tenté par la drague d’une extrême droite identitaire que par un pacte avec la droite orléaniste incarnée aujourd’hui par Édouard Philippe, n’est pas nouveau.

De Bruno Mégret à l’aube des années 2000, à Nicolas Dupont-Aignan en amont des européennes de 2019 en passant par la tentative de Robert Ménard, beaucoup ont essayé de faire vivre cette droite dite « hors les murs », qui passerait par la noce de l’ex-UMP et de l’ex-FN. C’est d’ailleurs sur ce concept cher à Patrick Buisson qu’Éric Zemmour a fait campagne en 2022, et que Marion Maréchal a justifié son retour dans le giron lepéniste lors des dernières législatives. Le ralliement d’Éric Ciotti à Marine Le Pen, sous la bannière « union des droites pour la République » (qui a recyclé plusieurs ex-zemmouristes) poursuit également cet objectif. Une stratégie qui, pour l’heure, ne suffit pas à concurrencer le RN. Ni à accéder au pouvoir.

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