Pourquoi Bayrou voit la menace d’une chute s’éloigner malgré la fin du conclave
POLITIQUE – Fumée blanche ? Après des mois de discussions, de portes claquées et de mesures abandonnées, patronat et syndicats doivent parvenir à un accord, mardi 17 juin, dernier jour officiel du « conclave » sur les retraites. Un conciliabule convoqué par François Bayrou qui a fait mine de remettre la dernière réforme des retraites sur la table, de quoi s’assurer quelques mois de répit à la tête du gouvernement.
Souvenez-vous, l’hiver dernier : le 14 janvier, dans son discours de politique générale, le Premier ministre place en haut de la liste de ses priorités, les retraites. Un appel du pied aux socialistes, pourtant prêts à dégainer la censure, comme pour Michel Barnier un mois plus tôt.
À l’époque, François Bayrou promet « une discussion sans tabou, pas même l’âge de la retraite », assortie d’une loi au Parlement en cas d’accord, de quoi séduire les députés à la rose. Ajoutée à quelques concessions supplémentaires, la proposition fait mouche : les socialistes s’abstiennent, François Bayrou échappe à la censure sur le budget.
Six mois plus tard, le Premier ministre anticipe un accord et assure qu’un « chemin existe » entre les partenaires sociaux. À la veille de la clôture du conclave (il est même prêt à donner quelques jours supplémentaire), le Premier ministre a par ailleurs ajouté sa pierre à l’édifice depuis le salon du Bourget en annonçant avoir proposé aux participants « l’idée » d’une « prime » pour les salariés seniors qui « décident de rester au travail », en leur versant « une partie de (leur) retraite en plus de (leur) salaire ».
Le PS divisé, Bayrou peut souffler
Mais quel que soit le chemin, la destination ne satisfera de toute façon pas la gauche. D’abord, parce que François Bayrou a très vite rappelé la nécessité de préserver l’équilibre financier du système des retraites, et mis le holà sur l’âge légal de départ à la retraite. Puis, parce que la CGT, FO et U2P ont tour à tour quitté la table des négociations.
De quoi le censurer ? Pas si sûr. Si les derniers survivants du conclave – dont la CFDT – arrivent à trouver les bases d’un accord, et proposent des améliorations, la marche à suivre ensuite divise le PS.
Ceux qui militent coûte que coûte pour un retour à l’âge légal à 62 ans sont prêts à faire tomber Bayrou dans la foulée, quand les autres, préfèrent prendre ce qui a de bon à prendre et légiférer sur les bases de l’accord. « Bayrou doit comprendre que nous ne sommes pas son assurance vie », a martelé le premier secrétaire Olivier Faure, le week-end dernier depuis le congrès du PS à Nancy.
« L’âge [de départ] n’est pas l’alpha et l’oméga il faut prendre en compte tous les paramètres, durée de cotisation, pénibilité… », estime au contraire Kamel Chibli, proche de la présidente d’Occitanie Carole Delga auprès du Nouvel Obs. Des divergences qui pourraient amener les socialistes à repousser leur menace à l’automne, à l’occasion des discussions budgétaires.
L’automne de tous les dangers
Surtout, quand bien même elle serait unie, la gauche seule ne peut pas renverser François Bayrou. Il faut, comme ce fut le cas à l’automne 2024, que le Rassemblement national se joigne à la motion de censure. Or ce n’est pas son intention pour le moment.
Interrogé sur RTL ce lundi 16 juin, le président du parti Jordan Bardella a indiqué que les députés RN ne feront certainement pas chuter le Premier ministre sur la seule question des retraites. « Le moment de vérité pour la censure, ça va être le budget », a estimé Jordan Bardella. De quoi donner encore quelques mois de sursis à François Bayrou, avant un automne qui promet d’être des plus risqués.