Pourquoi ce visuel des Républicains pour les européennes pose un (sérieux) problème
POLITIQUE – Christophe Gomart avait pourtant mis un costume cravate pour l’officialisation, ce mardi 19 mars, de sa candidature en troisième position de la liste des Républicains pour les élections européennes. Mais sur le visuel diffusé sur les réseaux sociaux dans la foulée, l’ancien chef du renseignement militaire et des forces spéciales apparaît dans son uniforme de général quatre étoiles sur le visuel du parti présidé par Éric Ciotti.
Outre ce goût martial particulièrement connoté dans le cadre d’une propagande électorale, le choix a fait tiquer plus d’un observateur. À l’appui, un arrêté du 14 décembre 2007 signé de la main de l’ancien ministre de la Défense Hervé Morin, selon lequel il est interdit d’utiliser la tenue militaire « à l’occasion de toute activité ou manifestation à caractère syndical ou politique ».
« Strictement interdit »
Or, difficile de ne pas considérer comme activité « à caractère politique » la diffusion de ce visuel présentant le général Gomart en uniforme, puisque c’est bien pour faire la promotion de ce recrutement dans le cadre d’une bataille électorale que l’image est convoquée. D’autant que sa qualité d’officier supérieur représente l’argument principal de sa participation à la liste menée par François-Xavier Bellamy.
Dans une réponse adressée au député (à l’époque UMP) Thierry Mariani en février 2007, l’exécutif s’était montré catégorique : « Un candidat ne peut donc utiliser à des fins électorales les moyens qui sont mis à sa disposition au titre de son état militaire. Le juge de l’élection pourrait, en cas de méconnaissance de ces dispositions, prononcer l’inéligibilité du candidat concerné pour un an. »
« Faire campagne en uniforme ? C’est à la fois illégal en France et inapproprié en Europe », a réagi l’eurodéputée Renaissance, Nathalie Loiseau. « C’est strictement interdit », a pesté de son côté le porte-parole du RN Laurent Jacobelli. Le visuel fait également grincer les spécialistes de la chose militaire, à l’instar de Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), qui demande au parti présidé par Éric Ciotti de « retirer le visuel ».
Utilisation abusive
Contacté par Le HuffPost, le directeur de la campagne européenne des Républicains, Othman Nasrou, relativise. « Ce n’est pas du tout illégal, puisqu’il ne s’agit pas d’une affiche officielle qu’on colle devant les bureaux de vote, mais d’un visuel fait pour les réseaux sociaux », assure le vice-président de la région Île-de-France, réduisant les critiques à « un sujet politique » utilisé par les adversaires de la liste LR. Le même fait valoir que Christophe Gomart « n’est plus en service », ce qui rendrait les indignations de ses adversaires hors de propos.
Mais ce n’est pas (du tout) ce que pense une source bien informée au sein des armées. « La règle générale, ce qu’un officier de 2e section [donc retraité], comme le général Gomart, a tout à fait le droit d’être candidat, mais il demeure sous statut militaire. Il est donc soumis à un devoir de réserve et à une obligation de discrétion », explique notre interlocuteur, avant de détailler : « Dans ce cadre, l’utilisation abusive du grade, de l’uniforme, dans des documents idéologiques, politiques, commerciaux ou publicitaires est tout à fait interdite. »
Considérant que « les officiers concernés sont les premiers à savoir ce qu’ils peuvent faire ou non », notre source plaide pour une erreur faite par le parti d’Éric Ciotti, tout heureux d’afficher un haut gradé en uniforme. Pour preuve : la photo utilisée n’est pas issue d’un shooting spécialement réalisé pour l’occasion, mais un cliché officiel sur lequel LR a ajouté son logo et ses slogans : « S’il y a quelqu’un à blâmer dans cette histoire, ce n’est sûrement pas le général Gomart, qui était d’ailleurs en costume pour la conférence de presse.» Le problème, c’est que Les Républicains ont l’air plus intéressés par son uniforme.
À voir également sur Le HuffPost :
La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous.