Politique

Pourquoi le choix du premier secrétaire est loin de régler tous les problèmes du PS

POLITIQUE – Le bouquet final des roses n’aura rien du feu d’artifice. Les adhérents du Parti socialiste sont appelés à élire leur premier secrétaire ce jeudi 5 juin. Après trois mois de campagne, le sortant Olivier Faure, rejoint par Boris Vallaud, fait figure de favori. Mais le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, son adversaire, ne désarme pas.

Le vote est ouvert jusqu’à 22 heures, dans chaque section, pour un résultat attendu au plus tôt vendredi dans la matinée. Avec quelles conséquences pour le PS et les équilibres politiques ? Avant l’épilogue, censé trancher l’orientation de la future direction, cette course interne aura surtout révélé les fragilités tenaces du parti, miné par les divisions et boudé par les militants.

L’élection repose ce printemps sur un corps électoral de 40 000 adhérents, soit un peu moins qu’en 2023, lors du congrès de Marseille, et sans commune mesure avec les records des années 2000. Une perte d’attractivité dangereuse à deux ans de la présidentielle. Et le révélateur du travail d’ampleur qui attend le nouveau chef.

Quel programme, pour quel candidat ?

À ce titre, la comparaison avec l’élection du président des Républicains, autre tendance historique habituée aux responsabilités, n’est pas flatteuse. Au total, plus de 100 000 adhérents ont voté pour préférer Bruno Retailleau à Laurent Wauquiez, au terme d’une campagne qui aura rythmé l’actualité politique et permis à la droite de trouver un nouveau souffle dans le débat. Rien de tel, au PS.

Le congrès, remake de celui de 2023, n’a pas créé de dynamique ni permis quelconque débats d’idées. Aucune proposition, sur les questions économiques, sociales, environnementales ou régaliennes n’a percé le mur du son, d’un côté comme de l’autre. Les controverses se sont concentrées sur des questions électorales, vis-à-vis de la France insoumise, et stratégiques, à l’approche de 2027. Là où Olivier Faure plaide pour une candidature unique « de Glucksmann à Ruffin », désignée par une « plateforme » commune, ses opposants souhaitent garantir un candidat social-démocrate coûte que coûte.

Charge donc au futur premier secrétaire de mettre le parti au travail, comme l’ont réclamé les trois prétendants à cor et à cri, pour bâtir une offre politique crédible. Indispensable pour sortir du giron de la France insoumise, et rompre, comme ils le souhaitent, les alliances avec la formation de Jean-Luc Mélenchon, dont l’essentiel du programme a servi de base aux projets des gauches réunies aux dernières législatives.

La tâche est conséquente. Pour l’heure, « on ne sait pas quelles sont les idées portées par le PS », résume le politologue et spécialiste des gauches Rémi Lefebvre dans les colonnes de La Croix, en soulignant que « les socialistes ne se positionnent qu’en fonction des Insoumis », loin de « la refondation idéologique et intellectuelle » nécessaire à la social-démocratie.

Les tendances irréconciliables ?

En parallèle, l’autre chantier qui doit s’ouvrir pour les futures instances, est celui de l’incarnation, afin de trouver un candidat à l’élection présidentielle qui ne réitérera pas le crash vécu par Anne Hidalgo en 2022 (1,75 %). Pas simple, non plus, quand aucun socialiste ne s’impose comme incontournable sur la ligne de départ, deux ans avant l’échéance.

Certes, Olivier Faure s’est peu à peu forgé une stature de potentiel présidentiable, mais il reste scotché pour l’heure autour des 5 % dans les sondages et rien ne lui garantit une victoire à la primaire qu’il envisage. Lui-même se refuse d’ailleurs à exprimer toute ambition, quand ses opposants le pressent de clarifier le sujet, en l’accusant de se servir du congrès comme d’un tremplin. Un avant-goût des polémiques à venir au PS ?

Ces défis, nombreux, risquent effectivement de se transformer en chemin de croix pour la nouvelle direction, tant la course interne aura exacerbé les tensions entre les deux principaux courants et les dernières têtes d’affiche du parti. Les adversaires d’Olivier Faure lui ont par exemple reproché des « stratégies à deux balles » (Karim Bouamrane) et une capitulation sur la question des valeurs concernant les alliances avec LFI. En retour, le premier secrétaire dénonce la campagne « hypocrite » de ses contempteurs « donneurs de leçon ». Bonne ambiance.

Si les rapports de force établis au premier tour (42 % pour Olivier Faure, contre 40 % pour Nicolas Mayer-Rossignol) se confirment dans les urnes ce jeudi, le parti va ressortir du scrutin divisé en deux camps aux forces quasi égales, dont l’affrontement devra être arbitré par Boris Vallaud et la nouvelle place qu’il s’est construit au sein de l’appareil. Le tout dans un contexte toujours aussi tendu, où certains élus de premier plan, à l’image de la présidente de la région Occitanie Carole Delga, menacent de quitter le PS en cas de victoire d’Olivier Faure. Soit, sans doute, le pire scénario possible pour envisager un rassemblement des troupes serein et tracer un cap clair, incontesté, pour les mois à venir.