Politique

Pourquoi le combat des chefs entre Retailleau et Wauquiez va laisser des traces

POLITIQUE – Comme une idée fixe. Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez échangent leurs dernières flèches à une semaine désormais du vote des militants Les Républicains pour choisir leur chef. Le premier réunit ses soutiens ce dimanche à Boulogne-Billancourt, quand le second a choisi son fief du Puy-en-Velay pour aborder via une conférence de presse la dernière ligne droite d’une bataille… qui risque d’en appeler d’autres.

Pour le parti jadis de Nicolas Sarkozy, qui a vu son nombre d’adhérents doubler au fil de cette course interne, l’accalmie pourrait effectivement être de courte durée. La campagne aura certes été urbaine entre les deux adversaires, proche sur le plan des idées, sans grands éclats de voix. Mais les échanges à fleurets mouchetés vont malgré tout peser sur l’avenir.

Pour cause : cette guéguerre entre le ministre de l’Intérieur et le patron des députés LR s’érige, pour les deux, comme la première manche de la course vers la présidentielle 2027. Or, cette lutte interne, aura révélé des différences stratégiques majeures, teintées de certaines rancœurs, qu’il sera bien difficile d’aplanir une fois la bataille des chefs terminée.

Des critiques durables

Ainsi, comment faire cohabiter la ligne maximaliste de Laurent Wauquiez et celle accommodante de Bruno Retailleau ? Depuis plusieurs semaines, l’élu de Haute-Loire multiplie les fronts avec le gouvernement et promet d’ouvrir un débat sur la participation de son camp à l’attelage composé par François Bayrou. Une façon de fustiger la politique des « petits pas » de son rival, et de se conserver un sillon indépendant.

Mercredi, le député a franchi une étape supplémentaire dans la critique, en accusant le ministre de l’Intérieur de prendre le risque d’une « dilution de la droite » dans le macronisme, avec sa présence au gouvernement. Presque un crime, pour un camp qui retrouve aujourd’hui un peu de couleurs après avoir longtemps courbé l’échine face à Emmanuel Macron et ses troupes.

La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous.

Dès lors, personne n’imagine Laurent Wauquiez remiser ses critiques au placard après le vote du 18 mai. Ceci quelle que soit l’issue. Président de parti, l’Altiligérien pourra imposer sa ligne et faire pression sur les différents ministres LR pour qu’ils quittent le navire le cas échéant, si possible au meilleur moment pour incarner la rupture avec l’ère macroniste. Comme président de groupe, s’il était défait, il garderait également des marges de manœuvre pour compliquer la vie du gouvernement, et par ricochet, de Bruno Retailleau.

Signe de ces nouvelles luttes, sourdes, à venir : la répartition des futurs rôles au sein du parti est encore incertaine. Ainsi, Laurent Wauquiez – outsider si l’on en croit les enquêtes d’opinion – a déjà annoncé qu’il nommerait son ancien concurrent au poste stratégique de vice-président, en cas de victoire. Ce que se garde bien de dire le locataire de la Place Beauvau en retour.

Bientôt une saison 2

« Ce n’est pas en donnant un hochet à son concurrent qu’on pourra assurer le rassemblement au sein du parti », décrypte en ce sens un soutien de Bruno Retailleau, cité par Le Figaro. « Un vice-président », pour lui, « c’est quelqu’un sur lequel le président peut s’appuyer et une bonne courroie de transmission, qui adhère au projet du chef. Donc Laurent Wauquiez n’est sans doute pas la meilleure option. » C’est peu de le dire.

En réalité, c’est bien la course à 2027 qui risque de s’ouvrir peu de temps après l’épilogue de ce duel interne. En témoignent, là aussi, les dernières escarmouches venues de Laurent Wauquiez. Quand il a dénoncé, mercredi sur CNews, la tentation de rapprochement supposé de son concurrent avec Edouard Philippe, candidat déclaré dans le bloc central… Pour mieux vanter les mérites de Sarah Knafo, l’eurodéputée zemmouriste.

Les prémices de stratégies différentes, vers l’Élysée ? Les entourages des deux prétendants en conviennent : le résultat de ce congrès sera significatif, certes, mais pas rédhibitoire pour les différents prétendants. « Il faut délier les deux élections. Laurent Wauquiez a toutes les qualités pour être candidat à la présidentielle », plaide d’ores et déjà Christian Jacob auprès du Parisien. L’ancien chef du parti et rare cacique à soutenir le député estime que « deux ans avant une élection, nous n’avons que rarement connu le nom du futur vainqueur. »

En face, Bruno Retailleau ménage lui aussi ses ambitions présidentielles, et dessine déjà sans le dire une primaire pour choisir le futur champion. Ce sont les adhérents, « par leur vote, qui le décideront, et non pas quelques chapeaux à plumes », assure-t-il à La Tribune dimanche, s’il prend la tête du parti. De quoi encourager les ambitieux, même ceux qui n’étaient pas candidats ce printemps. Et de quoi promettre une saison deux plus rude encore de ce combat des chefs. Sans assurance tout risque.

À voir également sur Le HuffPost :

La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous.