Politique

Pourquoi le nom d’Huguette Bello coche toutes les cases du NFP pour Matignon

POLITIQUE – Celle qu’on n’avait pas vu venir. Dans la flopée de noms évoqués à gauche pour briguer Matignon, celui d’Huguette Bello est sans doute le moins connu à l’échelle nationale. Le moins attendu aussi. Il émerge pourtant ce vendredi 12 juillet, après cinq jours de discussions inabouties jusqu’alors tandis que la pression sur la gauche s’accentue.

Selon une information du journal L’Humanité, confirmée par BFMTV, le nom d’Huguette Bello, 74 ans, a été proposé par le Parti communiste. L’idée aurait été poussée par le secrétaire national Fabien Roussel, comme un « trait d’union » entre tous les partis, rapporte franceinfo. Et pour cause, celle qui occupe depuis juin 2021 le poste de présidente de région à La Réunion répond au seul critère sur lequel l’ensemble du Nouveau Front Populaire s’accorde : faire consensus à gauche, ou presque.

Du groupe GDR à la liste LFI en passant par Hollande

Le premier engagement politique d’Huguette Bello est communiste. Dans les années 70, elle adhère au Parti communiste réunionnais (PCR) où elle militera pendant près de 40 ans, jusqu’à la création de son propre parti PLR « Pour la Réunion » en 2012. Conseillère régionale, elle devient en 1997 la première femme réunionnaise élue au Palais Bourbon. Elle siège alors au sein du groupe Radical, Citoyen et Vert (RCV) qui regroupe des élus aussi divers que Noël Mamère, Christiane Taubira… Et Jean-Pierre Chevènement. Elle sera ensuite systématiquement réélue, cumulant son mandat parlementaire avec la mairie de Saint-Paul (2008-2014). Huguette Bello siège ensuite au sein des non-inscrits (2002-2007) puis rejoint les bancs du groupe Gauche Démocrate et Républicaine jusqu’en 2021 et son élection à la tête de la Région Réunion.

Sa proximité avec le parti communiste ne l’empêche pas d’entretenir des liens avec les autres sensibilités de gauche. Ainsi, elle soutient le socialiste François Hollande dès le premier tour de l’élection présidentielle de 2012. En 2020, alors qu’elle brigue pour la deuxième fois (avec succès) la mairie de Saint-Paul, Huguette Bello est la candidate de la gauche unie des communistes aux écologistes. En 2021, lors de la campagne pour la présidence de la Réunion, elle s’unit au second tour avec l’ancienne ministre des Outre-mer et maire socialiste Ericka Bareigts. Et arrache ainsi la région aux mains de la droite, avec 51 % des suffrages.

Quid des Insoumis ? Si elle n’est pas membre de La France insoumise, la proximité entre Huguette Bello et Jean-Luc Mélenchon est connue. À chacun de ses déplacements dans l’île, le fondateur du mouvement s’affiche à ses côtés, comme en avril 2024 en pleine campagne des européennes. Huguette Bello figure alors en 81e et dernière position sur la liste insoumise et son nom a été annoncé en grande pompe au meeting d’Aubervilliers, juste avant celui de Jean-Luc Mélenchon.

« Une proposition » presque consensuelle à gauche…

Si la direction insoumise continue à plébisciter la personne de Jean-Luc Mélenchon, Antoine Léaument, député insoumis proche du fondateur du mouvement, reconnaît auprès de BFMTV qu’Huguette Bello est « un très bon nom » pour Matignon. « Son autorité est respectée, elle est présidente d’une région qui traverse des difficultés avec beaucoup de dignité, elle se bat », a plaidé Fabien Roussel lors d’une conférence de presse ce vendredi après-midi. « À la tête de notre gouvernement, je crois qu’elle pourrait avoir ces compétences-là », ajoute-t-il.

Soutenu par les communistes, pas rédhibitoire pour LFI et les Écologistes selon nos confrères de L’Humanité, le nom d’Huguette Bello n’est cependant pas encore acté à gauche à ce stade. « C’est une proposition que nous soutenons comme une solution possible (…) Nous allons nous voir dans les heures qui viennent pour parler de cette possibilité », a nuancé Fabien Roussel.

Car au Parti socialiste, « notre candidat reste Olivier Faure », répétait encore la veille au soir une source socialiste au HuffPost. À peine évoquée, la possibilité Huguette Bello a aussi vu exhumer certaines de ses prises de position passées, en l’occurrence sur le mariage pour tous. En 2013, la députée de la Réunion était absente de l’hémicycle lors des deux scrutins sur la loi dite Taubira. Deux mois après la promulgation de la loi, elle célébrait néanmoins le premier mariage homosexuel de la Réunion à la mairie de Saint-Paul. « Le débat est terminé, place maintenant à la loi. Il est vrai que le mariage homosexuel concerne peu de personnes, mais ces personnes méritent le respect comme n’importe qui », avait-elle déclaré.

…Et au-delà ?

Figure de la gauche réunionnaise, Huguette Bello n’en reste pas moins appréciée par certaines personnalités du camp présidentiel. Outre ses échanges, en tant que présidente de la région Réunion avec les différents chefs de gouvernement depuis 2021, elle a aussi été saluée par la ministre déléguée à l’Égalité Femmes Hommes Aurore Bergé lors de sa visite dans l’île en avril 2024. « Une combattante de la dignité humaine et des droits des femmes. Et une parlementaire qui a marqué durablement notre Assemblée », a écrit l’élue macroniste sur X.

Sur la même ligne que Gabriel Attal : « Par-delà les différences politiques qui peuvent exister, Huguette Bello est une grande républicaine qui a à cœur de mettre au cœur de son engagement politique depuis toujours la question de l’éducation de nos enfants », avait salué celui qui était alors ministre de l’Éducation nationale lors de sa venue sur l’île en août 2023.

Alors qu’Emmanuel Macron a lié choix du Premier ministre et coalition à l’Assemblée, le Nouveau Front Populaire doit résoudre une double équation : trouver un nom qui convienne à toutes ses composantes mais qui soit aussi suffisamment consensuel pour ne pas se prendre de plein fouet une censure à l’Assemblée. « Faire une proposition sérieuse, que personne ne pourrait rejeter, c’est le défi que nous voulons relever », a déclaré Fabien Roussel ce vendredi après-midi. Huguette Bello pourrait correspondre, d’autant que les écologistes ont souvent poussé pour que ce soit une femme qui soit désignée.

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