Pourquoi Macron ne s’exprimera pas à l’intérieur de Notre-Dame le 7 décembre

POLITIQUE – Les soutanes pèsent décidément très lourd dans la balance. Emmanuel Macron, qui espérait pouvoir prononcer le discours de réouverture de Notre-Dame le 7 décembre à l’intérieur de la cathédrale, devra se contenter du parvis. Le Président le sait : l’événement sera scruté dans le monde entier et aura une résonance bien au-delà des seuls cercles croyants. « Notre-Dame est un objet religieux, français mais aussi universel », souligne-t-on à l’Élysée, où l’on s’attelle depuis plusieurs mois à la préparation de la cérémonie, qui revêt une importance capitale et qui clôt une année de célébrations et de commémorations (80 ans du Débarquement, Jeux olympiques, 80 ans de la Libération de Paris…).

Les médias de la galaxie Bolloré et les porte-voix les plus conservateurs s’étaient offusqués de la perspective d’un discours prononcé à l’intérieur de la cathédrale. « Le discours de trop ! », s’insurgeait Europe 1. À noter que la gauche aussi ne voyait pas forcément cette hypothèse d’un bon œil, à l’image du député NFP Alexis Corbière qui y voyait une entorse au principe de laïcité.

Rien n’était pourtant arrêté, seul l’archevêque de Paris Laurent Ulrich avait esquissé les contours d’un tel scénario, expliquant que « c’était trop compliqué d’imaginer qu’on entasse le monde devant la cathédrale et qu’on rentre, l’affaire est trop longue ». L’Élysée a revu sa position, et confirme ce mercredi 13 novembre que « le discours du Président se tiendra sur le parvis ». « Le principe de séparation sera respecté par les uns et les autres. Cela s’est fait en bonne concorde », argumente-t-on au Palais.

Une partie de l’Église s’étranglait de voir un Président de la République en exercice prendre la parole sous les vitraux de Notre-Dame. Dans l’Histoire, cela ne s’est jamais produit : de Napoléon à Georges Pompidou, en passant par Charles de Gaulle, aucun chef d’État ne s’est risqué à franchir la grande porte de la cathédrale pour s’exprimer publiquement. À l’Élysée, on promet que l’intervention présidentielle sera « courte » et aura surtout pour but de « remercier tous ceux qui ont contribué à sauver Notre-Dame », au premier rang desquels les donateurs privés. Si le déroulé du discours est « loin d’être achevé », il devrait aussi revenir sur les cinq années qui ont vu la restauration de la cathédrale se transformer en prouesse technologique, humaine et architecturale.

« Imaginaire français »

À compter du samedi 7 décembre, les cloches de Notre-Dame résonneront donc de nouveau dans le ciel de Paris. Croyants, touristes et badauds pourront de nouveau entrer dans ce monument emblématique et « inséparable de l’imaginaire français », dixit l’Élysée, qui promet une cérémonie « en trois temps » : républicain, religieux et artistique. Une grande soirée événement sera diffusée sur France 2, sans que le nom des artistes conviés n’ait pour l’heure été dévoilé. « La cérémonie s’adressera à tous les Français, quelles que soient leurs opinions philosophiques ou leurs croyances religieuses », promet-on dans les couloirs du palais présidentiel.

Le lendemain, dimanche 8 décembre, Emmanuel Macron assistera également à la messe qui sera donnée à Notre-Dame, la première depuis l’incendie du 15 avril 2019. Face à la potentielle polémique suscitée par la présence d’un Président à un moment religieux, l’Élysée assure qu’il n’est « pas interdit au Président, à titre personnel ou officiel, d’assister à des offices religieux. Dans le cas précis, la règle est qu’il ne communie pas. Jamais. Quand bien même il serait catholique pratiquant ». Avant ça, Emmanuel Macron se rendra le 29 novembre, dans la matinée, sur le site pour une septième et dernière visite de chantier. À l’Élysée, on se réjouit déjà d’un moment qui restera : « Le Président déambulera dans la cathédrale. Ce sera une image inédite, inconnue jusque-là de mémoire d’homme ».

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