Prison ferme pour avoir commandité l’agression d’une élue à Saint-Denis
JUSTICE – L’affaire avait choqué l’opinion publique. Le tribunal correctionnel de Bobigny a condamné ce jeudi 27 juin à cinq ans de prison, dont deux avec sursis, un chef d’entreprise pour avoir commandité, pour une raison inconnue, l’agression en décembre 2023 d’une adjointe au maire de Saint-Denis.
Serial entrepreneur de la ville engagé dans le monde associatif, Mouloud Bezzouh, 57 ans, a été reconnu coupable d’avoir envoyé des jeunes, contre la promesse de rémunération, passer à tabac Oriane Filhol alors qu’elle rentrait chez elle. Des hommes l’avaient frappée violemment au visage et sur le corps à coups de poing.
« J’ai perdu une partie de ma liberté, de mon indépendance »
Le parquet de Bobigny avait requis mardi quatre ans de prison, dont un avec sursis, à l’encontre du chef d’entreprise. « Au-delà de Mme Filhol, c’est à la démocratie qu’il s’en prend. Il s’en prend à la capacité de citoyens de venir solliciter le suffrage des urnes, (…) à la capacité d’élus de pouvoir exercer librement un mandat et sans pression » , avait estimé le procureur Bertrand Gautier dans son réquisitoire.
Ce jugement « marque un moment important sur la question de l’agression des élus locaux en France, c’est vraiment un soulagement », a déclaré à l’AFP Katy Bontinck, première adjointe au maire PS Mathieu Hanotin, à la sortie de l’audience. « Cette réponse ferme vient marquer cette nécessité d’ouvrir les yeux sur le fait que demain la démocratie représentative n’aura plus de représentants, notamment à l’échelon local », a-t-elle estimé.
« Je suis particulièrement soulagée que les violences envers les élu(es) soient reconnues, jugées et condamnées, je suis soulagée pour tout(es) mes collègues et pour que l’investissement de chacun(e) dans nos mandats ne soit jamais entravé. C’est un enjeu de bon fonctionnement de la démocratie », a réagi Oriane Filhol dans un message transmis à l’AFP.
Oriane Filhol, légèrement blessée mais fortement marquée psychologiquement par cette agression, était restée mardi dépourvue face à ses interrogations sur les raisons de son agression. « J’ai perdu une partie de ma liberté, de mon indépendance, auxquelles je tiens beaucoup. Je ne peux plus me déplacer après une certaine heure seule, j’ai besoin que des collègues me raccompagnent jusqu’à mon domicile », a-t-elle confié au tribunal, émue.
En janvier, les agresseurs avaient été arrêtés et condamnés. À leur procès, ils ont expliqué s’être vus promettre 2 500 euros chacun par un mystérieux commanditaire, dont ils ont tu le nom, pour frapper une personne qu’ils ne connaissaient pas.
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