Quand Sarkozy reprend une fake news sur sa propre légion d’honneur
POLITIQUE – Des approximations qui sont désormais légion. Interviewé par Le Figaro ce mardi 2 septembre, l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy a commenté en longueur la crise politique annoncée avec la chute de François Bayrou sur un vote de confiance, le 8 septembre prochain. L’ancien chef d’État a également été interrogé sur l’un des faits inédits des mois écoulés : à la mi-juin il s’est vu déchu de sa légion d’honneur en raison de sa condamnation définitive dans l’affaire des écoutes.
Une décision justifiée, comme l’expliquait déjà Le HuffPost ici, par le règlement de l’institution, lequel indique que l’exclusion est automatique pour « les personnes condamnées pour crime (et) celles condamnées à une peine d’emprisonnement sans sursis égale ou supérieure à un an ». Ce qui est le cas de l’ex-chef de l’État, qui a été fait chevalier de la Légion d’honneur par Jacques Chirac en 2005.
Dans Le Figaro de ce mardi, amer, l’ancien président fait un lien entre cette décoration et son rôle dans la prise d’otages qui a eu lieu en mai 1993 dans une école maternelle de Neuilly. « Quand j’ai arraché des enfants à Human Bomb ce n’était pas pour obtenir la Légion d’Honneur. Et n’en déplaise au grand chancelier, j’ai été élu président de la République par la volonté des Français et il sera donc difficile de me rayer des pages de l’Histoire », cingle ainsi Nicolas Sarkozy.
Or, comme l’ont souligné plusieurs journalistes, il s’agit d’une légende qui a la peau dure. En témoigne le décret paru au journal officiel du 31 décembre 2004, qui n’évoque aucunement les actes de Nicolas Sarkozy pendant la prise d’otages, mais ses « 24 ans d’activités professionnelles, de fonctions électives et de services militaires ». Mieux, comme l’avait remarqué Libération, l’entourage de Jacques Chirac justifiait cette décoration par la volonté de « saluer le parcours des parents de Nicolas Sarkozy et mettre en valeur la réussite de leurs enfants ». Aucun rapport, donc, avec la fameuse prise d’otages.
Cette fake news faisant le lien entre cette distinction et l’affaire « Human bomb » est particulièrement tenace. Elle avait notamment été reprise en juin dernier par Bruno Retailleau et Jordan Bardella alors que l’ancien président venait d’être exclu de l’Ordre, chacun évoquant respectivement « un acte de courage » et son « dialogue avec un forcené qui détenait des enfants dans une école maternelle ». Des flatteries auxquelles l’ancien président serait sensible ? « Tout ce qui m’éloigne des vanités personnelles est une bonne chose », jure-t-il aussi au Figaro.


