Politique

Quatre mois après le cyclone Chido, Macron de nouveau au chevet de Mayotte

POLITIQUE – Parmi tous les costumes à sa disposition, celui d’inspecteur des travaux finis est sans doute celui qu’il préfère. Emmanuel Macron le retrouvera ce lundi 21 avril, puisque quatre mois après le passage dévastateur du cyclone Chido, qui avait provoqué la mort d’au moins 39 personnes, et fait plusieurs milliers de blessés, il arrive à Mayotte pour une visite éclair d’une dizaine d’heures.

Au-delà du bilan humain dramatique, c’est bien la reconstruction des infrastructures ainsi que le rétablissement des réseaux d’eau et d’électricité qui pose question. En décembre, quelques jours après le déclenchement du cyclone, le chef de l’État s’était rendu sur place pour apporter son soutien aux habitants et constaté l’ampleur des dégâts.

L’accueil qui lui avait été réservé lui avait déplu. « C’est pas moi le cyclone ! Je ne suis pas responsable ! », avait-il fini par lâcher face à des Mahorais exaspérés, qui criaient, pour certains, « Macron démission ! », « Tu racontes des salades » ou « De l’eau, de l’eau, de l’eau ».

En bras de chemise, confronté à des mamans qui n’avaient plus de quoi nourrir leur bébé ou des personnes âgées se plaignant de la lenteur de l’arrivée de l’aide humanitaire, le Président avait suscité un tollé en déclarant : « N’opposez pas les gens ! Si vous opposez les gens, on est foutu, parce que vous êtes contents d’être en France. Parce que si c’était pas la France vous seriez 10 000 fois plus dans la merde ! »

« Aucun chantier n’a démarré »

Quatre mois plus tard, la visite sera-t-elle plus apaisée ? Rien ne le dit. D’abord parce que si le temps a passé, les plaies sont toujours aussi vives. Mais aussi parce que la reconstruction peine à se concrétiser, malgré les promesses de l’État et le vote d’une loi d’urgence en février. Les habitants constatent que le manque de financements, la coordination parfois laborieuse entre les différentes instances de décision et la pénurie de matériaux débouchent sur des travaux loin d’être menés à bien.

« Aucun grand chantier n’a démarré », confirme le directeur de l’Établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte Yves-Michel Daunar auprès de France 24. « Les premières semaines, il y a eu pénurie de matériaux, puis il a fallu attendre les experts. Et maintenant, nous attendons les financements », déplore Julian Champiat, le patron de la fédération de BTP à Mayotte

C’est dans ce contexte qu’Emmanuel Macron va poser le pied dans l’archipel. Il rencontrera la population puis s’entretienra avec des agriculteurs et des élus locaux. Ces vingt-quatre heures passées sur place « seront l’occasion de voir comment les faits se sont passés et de faire un point sur la reconstruction ».

« Le Président avait promis qu’il reviendrait », dit l’Élysée

Mais aussi de voir « comment les séquelles, les blessures, les fractures créées par le cyclone sont en train d’être réparées ». « Le président de la République avait absolument souhaité être présent au lendemain du cyclone. Il avait promis qu’il reviendrait au moment de la reconstruction. Il tient sa parole », justifie son entourage.

Les mécontentements loin d’avoir disparu rejailliront-ils sur la visite présidentielle ? Le ministre des Outre-mer Manuel Valls, qui accompagnera le chef de l’État, a tenté de jouer au désamorceur de bombe. Dans une vidéo mise en ligne le 17 avril, l’ex-Premier ministre, pas peu fier de son volontarisme sur le sujet, a clamé : « Nous n’avons pas abandonné Mayotte ».

Sur France 2, il a redit que l’État ne faisait pas rien, évoquant le deuxième volet de la loi d’urgence qui sera examiné en juin à l’Assemblée et qui comportera « des investissements concrets pour l’aéroport, le port, le logement, les écoles ». Ajoutant : « Il y a plus de trois milliards d’euros qui vont être engagés pour la reconstruction de Mayotte ». Ce texte sera examiné lors d’un conseil des ministres extraordinaire qui se déroulera dans la soirée ; Emmanuel Macron le présidera depuis l’avion qui le mènera à la Réunion. Il y passera deux jours avant de poursuivre sa visite à Madagascar et l’île Maurice.

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