Que reste-t-il à Macron pour sauver les deux dernières années de sa présidence ?
POLITIQUE – Le maître des horloges face au temps qui file. Emmanuel Macron amorce un retour au premier plan, après une période de relative diète médiatique et politique contrainte par la dissolution ratée de l’Assemblée nationale et un transfert de pouvoir inévitable à Matignon.
Il s’invite mardi 13 mai sur TF1, pour une émission de plus de deux heures en prime time face à Gilles Bouleau. Le premier exercice du genre pour le locataire de l’Élysée depuis l’automne 2022 et un long entretien sur France 2. Au programme : les nombreux enjeux internationaux, dans une ère de grands bouleversements. Mais pas seulement.
Emmanuel Macron va aussi se prêter à un jeu de questions réponses avec des téléspectateurs et des personnalités de la société civile comme la patronne de la CGT Sophie Binet, le Youtubeur Tibo InShape ou la spécialiste de l’environnement Salomé Saqué. Une façon pour le chef de l’État de revenir au centre du débat, en reprenant langue avec les Français.
Une façon, aussi, de tracer quelques perspectives pour un président qui n’a manifestement pas dit son dernier mot, à deux ans de la fin de son mandat. Mais que lui reste-t-il concrètement pour gonfler son palmarès ? En évitant d’en effacer certaines lignes ?
Un domaine réservé… Bientôt étendu
De fait, le président de la République s’appuie depuis plusieurs mois sur son domaine réservé, à savoir les enjeux géopolitiques, pour donner du sens à sa fin de règne. Avec le retour fracassant de Donald Trump à la Maison blanche en janvier, le cheval de bataille était tout trouvé : défendre les intérêts des Européens, de l’Ukraine à la guerre commerciale. Avec une crédibilité, forgée depuis ses premiers discours en 2017, qui lui permet de s’afficher comme l’un des leaders principaux du Vieux continent.
Un registre sur lequel il continue d’être très présent. La semaine dernière, il a reçu le chancelier allemand Friedrich Merz, mercredi, juste après son élection, avant de présider jeudi une cérémonie à Paris pour les 80 ans de la défaite de l’Allemagne nazie, puis de signer un traité majeur de coopération avec la Pologne, vendredi, à Nancy. Le lendemain, c’est à Kiev que le président s’affichait, avec les « 4 fantastiques », aux côtés de Volodymyr Zelensky. Autant d’occasions pour insister sur l’importance de la souveraineté stratégique européenne, l’un des thèmes majeurs de ses deux mandats. Comme pour mettre en scène ses prises d’initiative.
Jamais avare en « coups » diplomatiques, Emmanuel Macron a aussi été le premier dirigeant européen à recevoir le président syrien Ahmed al-Chareh mercredi, malgré les doutes qui s’accumulent sur la coalition islamiste au pouvoir à Damas depuis la chute de Bachar al-Assad. Une forme de proactivité, pour l’Ukraine ou ailleurs, saluée dans les enquêtes d’opinion en France, mais qui peine parfois à trouver son débouché concret dans le débat national.
Il faut dire qu’Emmanuel Macron n’a pas les mains totalement libres, même quand il s’agit de son « domaine réservé. » En témoignent les propositions qu’il réclame depuis début mars à son Premier ministre pour dégager des moyens supplémentaires afin de financer un effort de défense rendu nécessaire selon lui par le désengagement durable des États-Unis en Europe. Le président de la République attend toujours.
Macron, enfin le référendum ?
Qu’à cela ne tienne, Emmanuel Macron entend bien utiliser plusieurs cartes travaillées dans son esprit depuis longtemps pour revenir sur le devant de la scène nationale, malgré (ou grâce) à la tripartition de l’Assemblée qui paralyse quelque peu la marche du gouvernement. Là encore, son agenda illustre ce changement de braquet : après l’inauguration d’un site de l’entreprise franco-italienne EssilorLuxottica, leader mondial de l’optique, en Essonne lundi, il doit retourner sur le terrain mercredi, dans le cadre des commémorations de l’attaque du péage d’Incarville qui avait coûté la vie à deux agents pénitentiaires.
Sur le fond, le chef de l’État veut donc avoir recours à des formes plus ou moins innovantes de démocratie directe, permettant quoi qu’il en soit de passer au-dessus du Parlement. Ainsi, il a déjà fait savoir son souhait d’installer lui-même une nouvelle convention citoyenne, sur les « rythmes de l’enfant. ». Ce sera le troisième exercice du genre, après celle sur le climat et la fin de vie.
Mais ce n’est pas tout. Le locataire de l’Élysée devrait profiter de son émission sur TF1 mardi soir pour annoncer le fameux référendum qu’il fait miroiter sur divers sujets depuis… 2017. Après avoir indiqué lors de ses derniers vœux du 31 décembre qu’il demanderait bientôt aux Français de « trancher » des grands sujets, Emmanuel Macron devrait effectivement se montrer plus précis. Selon des informations de presse, il pourrait annoncer la tenue d’un scrutin avec deux, voire trois questions différentes soumises aux Français.
Les enjeux d’organisations territoriales, ou ceux liés aux enfants, pourraient trouver leurs places, contrairement aux sujets budgétaires comme le souhaite pourtant François Bayrou. Il faut dire que les deux n’ont pas les mêmes objectifs ; l’un souhaite encore faire avancer quelques sujets majeurs et essentiels à ses yeux. L’autre veut déminer un dossier explosif, pour éviter d’être congédié. Pas le même calendrier non plus. Le premier a deux ans devant lui. Le second n’en sait rien. Une différence majeure pour reprendre la main sur les horloges.
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