Politique

Quel est ce « courrier de transmission » désormais au cœur de l’affaire Stanislas

ÉDUCATION – L’enquête de l’Éducation nationale sur l’établissement privé catholique Stanislas a-t-elle été sabotée ? L’institution parisienne avait été visitée par plusieurs agents de l’inspection générale de l’Éducation (IGESR) en 2023, sur fond d’accusations d’homophobie, de racisme ou de sexisme. Ces dernières avaient été écartées par les conclusions du rapport, rédigé au terme de l’inspection.

Mais ce document compromettant pour la direction est aujourd’hui contesté et l’IEGSR est soupçonnée de l’avoir édulcoré. Des accusations reprises notamment par Mediapart mais fermement contestées par le service d’inspection, qui a assuré ce lundi 5 mai que le rapport « n’a fait l’objet d’aucune modification après sa validation collégiale ». Le texte « transmis à l’autorité ministérielle correspond à la version validée par l’ensemble des inspecteurs généraux missionnés, à l’issue des relectures », a-t-il affirmé.

Au-delà du rapport en lui-même, c’est le « courrier de transmission » communiqué au ministre de l’Éducation de l’époque, Gabriel Attal, qui est désormais au cœur des suspicions. D’après Mediapart, une mention à décharge pour Stanislas aurait été ajoutée à cette lettre, censée résumer le rapport et divulguée début 2024 dans les médias. « Au terme de la mission, l’équipe ne confirme pas les faits d’homophobie, de sexisme, et d’autoritarisme mis en avant » par la presse dès l’été 2022, était-il écrit.

Une plainte déposée pour faux en écriture publique

Dans sa déclaration transmise à l’AFP ce lundi, le service d’inspection de l’Éducation nationale mentionne aussi le fameux « courrier de transmission », rappelant qu’il n’a aucune « valeur juridique » et qu’il a été « rédigé sous la responsabilité du chef de service et [ayant] pour unique objet de présenter une synthèse des conclusions » du rapport d’inspection. L’autrice du courrier, Caroline Pascal, qui était cheffe de l’IEGSR et est désormais la numéro 2 du ministère de l’Éducation, avait réaffirmé fin mars devant la commission d’enquête parlementaire que « les inspecteurs généraux ont entendu une centaine de témoins » mais « n’ont pas repéré d’homophobie systémique ».

Une version contestée par deux inspectrices qui avaient participé aux contrôles à Stanislas. Elles ont chacune adressé un courrier à la commission d’enquête parlementaire sur les violences dans les établissements scolaires, considérant que le rapport final était « édulcoré » par rapport à ce qu’elles avaient constaté lors de l’inspection. Face à ces propos, la présidente de la commission d’enquête a annoncé le 29 avril que les inspecteurs généraux qui ont mené l’enquête à Stanislas en 2023 seront auditionnés le 21 mai prochain.

Les soupçons et accusations visant l’IEGSR ont pris une tournure judiciaire ce vendredi 2 mai. Une ex-lycéenne qui dénonçait une discrimination dans son exclusion en juin 2022 de Stanislas, a déposé plainte pour faux en écriture publique par une personne chargée de mission de service public, a appris l’AFP ce lundi d’une source proche du dossier. Cette infraction est passible de quinze ans de réclusion criminelle.

Pauline (prénom modifié), avait déposé une première plainte en juillet dernier contre trois ex-responsables de l’établissement catholique, estimant avoir été exclue pour s’être opposée à de « nombreux propos homophobes, sexistes et racistes du personnel dirigeant ». Dans sa plainte pour faux déposée vendredi, Pauline estime que « les conclusions modifiées » du rapport de l’IEGSR ont « remis en cause sa parole » et ont « a minima ralenti la manifestation de la vérité ».

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