Quelles suites pour le député Andy Kerbrat, accusé d’avoir acheté de la drogue avec ses frais de mandat ?
POLITIQUE – Vent de panique à La France insoumise. Le jeune député de Loire-Atlantique Andy Kerbrat va-t-il pouvoir conserver son siège ? Pris en flagrant délit d’achat de drogues de synthèse dans le métro parisien fin octobre, l’élu Insoumis est désormais également accusé d’avoir utilisé son avance de frais de mandat (AFM), l’enveloppe dévolue aux députés dans le cadre de l’exercice de leurs missions, pour ces achats illicites. De quoi créer le doute quant à son avenir.
Mediapart a ainsi révélé, dans une enquête publiée vendredi 15 novembre, qu’Andy Kerbrat aurait fait de nombreux virements entre l’AFM et son compte bancaire personnel. Avec, à la clé, des paiements via les applications PayPal ou Lydia, pour 25 000 euros. Le député LFI s’est expliqué auprès de nos confrères, reconnaissant avoir « fait n’importe quoi ». Il admet s’être servi de son enveloppe de député pour des dépenses personnelles, mais réfute toute utilisation pour acheter de la drogue. Surtout, l’élu de 34 ans jure avoir remboursé les dépenses indues, sur la base de savants calculs établis par son comptable.
Yaël Braun-Pivet met la pression
Qu’importe, la polémique est née, et la pression monte autour de celui qui a été élu pour la première fois en 2022, puis réélu en 2024. La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a expliqué dans un communiqué avoir pris connaissance de l’information « avec stupéfaction » et dit avoir « immédiatement saisi le déontologue » de l’institution. « Si les faits révélés s’avéraient exacts, ils appelleraient la condamnation la plus ferme qui soit. L’utilisation de l’argent public ne peut être qu’exemplaire et les députés doivent être dignes du mandat qui leur a été confié », écrit-elle.
Andy Kerbrat, actuellement en arrêt maladie dans l’attente d’une hospitalisation, connaît des périodes de fragilité psychologique et de vulnérabilité personnelle, comme il l’a expliqué à Mediapart. « Avant de tomber dans la prise de substance, j’avais un problème lié à l’alcool. C’est d’ailleurs souvent parce que j’avais bu que je prenais des substances ». Et fait le lien avec sa sexualité : « Comme beaucoup de gays de ma génération, je suis passé d’une pratique ponctuelle à une pratique addictive », poursuit-il, toujours auprès du journal en ligne.
Pas de décision imminente quant à une possible démission
La question se pose désormais de son avenir politique. Peut-il rester député ? « Pour l’instant il est en arrêt maladie », évacue sa collègue Insoumise Aurélie Trouvé. Invitée de franceinfo ce 16 novembre, la députée a appuyé la version de son collègue : « Il dit qu’il n’a pas utilisé cet argent pour l’achat de drogues. Si on a un peu d’empathie, en tant que responsables politiques, ça doit nous interpeller. Ses addictions, c’est la situation de trop nombreux Français et Françaises », a-t-elle souligné, assurant qu’Andy Kerbrat était « d’une sincérité exemplaire ». Avant d’ajouter : « Nous allons attendre la vérification des faits par le déontologue de l’Assemblée ».
D’ici là, aucune décision ne devrait être prise par le groupe de La France insoumise, ou par les instances de l’Assemblée. Le député confie d’ailleurs : « En ce qui concerne mes collaborateurs, je tiens à préciser que, comme le groupe parlementaire, je leur ai menti et caché mon addiction pendant les deux dernières années. J’ai gardé le secret concernant les substances pendant un long moment car j’avais honte et j’avais peur de perdre la confiance de mon entourage et de mon équipe ». D’ici au rapport du déontologue, Andy Kerbrat poursuit son parcours de soins et reviendra, peut-être, sur les bancs de l’Assemblée dans les prochaines semaines.
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