Politique

Qui est Laurence Tubiana, qui se dit prête à être Première ministre du NFP ?

POLITIQUE – Les écologistes la voient comme la mère de l’Accord de Paris sur le climat. Pour les socialistes et les communistes, elle est une référente en matière d’économie et d’écologie. Laurence Tubiana, c’est le nom que le PS, le PCF et EELV ont proposé lundi à LFI pour prendre la tête d’un gouvernement de gauche à Matignon. Face à l’hostilité du parti de Jean-Luc Mélenchon, la dirigeante s’est dite prête, ce jeudi 18 juillet, à endosser le rôle de Première ministre. « Quand il y a une crise politique, il faut y répondre. Il y a besoin d’une personne de gauche, si cela doit être moi, je le fais », déclare-t-elle dans un entretien à l’AFP.

Laurence Tubiana comme Première ministre rassurerait une grosse partie de l’union de la gauche. Et pour cause, âgée de 73 ans, celle qui dirige la Fondation européenne pour le climat a su montrer sa détermination et son intelligence pour imposer les sujets climatiques dans les politiques publiques.

Proche de Lionel Jospin

Née à Oran en 1951, elle est rapatriée lors de l’indépendance de l’Algérie 11 ans plus tard. Mais c’est dans sa ville natale que ses engagements humanistes se sont développés. « Mes parents, intellectuels de gauche, de culture française, m’ont donné le goût du débat politique et de l’ouverture aux autres », racontait-elle au magazine Elle en 2015.

L’économiste de formation a d’abord été séduite par le militantisme, et donne de la voix à la Ligue communiste révolutionnaire dans les années 1980. Avant de fonder et diriger en 1980 l’ONG Solagral, qui développait jusque dans les années 2000 l’agriculture dans les pays du Sud.

En politique, elle connaît plutôt très bien Lionel Jospin, ex-Premier ministre socialiste (1997-2002). Elle a été son assistante dans les années 1970, alors qu’il est enseignant à l’IUT de Sceaux. Ce contact bien précieux l’aidera à mettre un premier pied à l’Élysée, en devenant conseillère à Matignon sur les questions de développement durable, en 1997.

Une diplomate puissante à l’international

Mais c’est vraiment 2015 qui marque un tournant dans sa carrière politique. Cette année-là, désignée comme ambassadrice chargée des négociations sur les changements climatiques lors de la COP 21 à Paris, elle est parvenue à faire signer à 195 états l’accord de référence des politiques climatiques mondiales. Ce texte impose aux pays signataires de limiter à 1,5 degré le réchauffement de la planète d’ici à 2050.

Aussi cheville ouvrière de la Convention citoyenne sur le climat, son nom a de nombreuses fois bruissé dans les couloirs de l’Élysée. Elle avait notamment été pressentie pour remplacer Nicolas Hulot au ministère de l’Écologie en 2018.

Son CV impressionnant rassure aussi bien côté écologiste que socialiste. Et les premières réactions sur les réseaux sociaux à l’annonce du nom de Laurence Tubiana ont été unanimement positives chez ces deux partis. Le député socialiste NFP Aurélien Rousseau en a fait l’éloge sur son compte X : « Laurence Tubiana est une personnalité de premier plan. Elle a su allier tout au long de son parcours la compétence technique, la vision stratégique et la capacité à bâtir des compromis pour atteindre des résultats concrets. »

Mais du côté de LFI, Laurence Tubiana ne fait pas l’unanimité. Comme l’a attesté la réaction du député Manuel Bompard, jugeant cette proposition « pas sérieuse ». « Si c’est effectivement ce profil sur lequel travaillent nos partenaires, je tombe de ma chaise », a-t-il déclaré mardi matin sur France 2, reprochant à Laurence Tubiana d’avoir « signé il y a quatre jours une tribune dans laquelle elle appelait à constituer une coalition et un programme commun avec les macronistes ».

De son côté, la députée Nathalie Oziol s’agace sur X : « le PS aura-t-il refusé Huguette Bello pour proposer une candidate soutien de Hollande, Macron-compatible, qui avait été envisagée pour succéder à Édouard Philippe ? » Le député LFI Paul Vannier estime lui que nommer la diplomate au poste de Première ministre serait « une trahison de l’engagement pris devant des millions d’électeurs ».

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