Recadré par Marine Le Pen, Jordan Bardella tente de minimiser (et se défend)
POLITIQUE – Loin des yeux loin du cœur ? Il y a près de 17 000 kilomètres de distance entre Paris et Nouméa, et ce n’est visiblement pas sans conséquence pour le binôme à la tête du Rassemblement national. Bien décidée à ne pas laisser le « plan B comme Bardella » s’imposer dans l’esprit des Français pour 2027, Marine Le Pen continue, malgré sa condamnation et sa peine d’inéligibilité, de travailler sa stature présidentielle avec un déplacement en Nouvelle-Calédonie.
Elle a dit à cet égard vouloir « participer » aux futures consultations sur l’avenir institutionnel de l’archipel, convoquées mi-juin par Emmanuel Macron après l’échec de récentes négociations. « Demain, je peux être amenée, si je suis élue, si les Français me font confiance, à avoir une part active dans les décisions qui pourraient être prises », a-t-elle fait valoir.
Une manière de rappeler son score de 40 % en Nouvelle-Calédonie lors de la présidentielle de 2022, mais surtout d’insister : la candidate naturelle de son camp pour 2027 pour l’instant, c’est toujours elle. Interrogée sur la possibilité d’être accompagnée de Jordan Bardella lors de ces discussions, la députée du Pas-de-Calais a cinglé : « Je ne suis pas sûre que Jordan, pour le coup, connaisse très bien les problèmes de la Nouvelle-Calédonie. On partage nos talents. »
« Je considère qu’il a la stature pour être Premier ministre ».
Un tacle, un pic, un rappel à l’ordre, un recadrage ? Relancée sur la chaîne LCI sur cette saillie qui n’est pas passée inaperçue, Marine Le Pen s’en est prise aux journalistes : « Vous voulez créer un coin entre Jordan Bardella et moi, vous n’y arriverez pas. » Si l’élue a de nouveau rappelé que chacun, dans ce binôme, avait ses domaines de compétences, elle également renouvelé avec assurance : « Pour l’instant, je suis candidate à la présidentielle. »
Plus parlant peut-être, alors que la journaliste la questionnait sur une étude de l’IFOP pour Valeurs Actuelles, selon laquelle Jordan Bardella a pour 41 % des Français la stature pour être président, Marine Le Pen a lancé cliniquement : « Déjà, moi, la question à laquelle j’ai répondu, c’est : oui, je considère qu’il a la stature pour être Premier ministre ».
Bardella minimise mais se défend
Quant à l’intéressé, dont certains médias ont bruissé d’une tension avec sa cheffe cette semaine, il a minimisé le recadrage. En chemise face à la presse qui le relançait sur cette saillie de Marine Le Pen, Jordan Bardella a tenté de temporiser, surtout sur la forme. « Elle ne dit pas que je ne connais pas le dossier, je ne m’amuserai pas à répondre à ce genre de question, a-t-il d’abord fait valoir d’un ton légèrement gêné. Je pense que vous sortez cette phrase de son contexte ».
Mais l’eurodéputé de se défendre sur le fond quand même : « Elle est investie sur ce sujet [la Nouvelle-Calédonie] et impliquée sur cette question depuis très longtemps […] Mais je vous rassure je connais très bien les dossiers ultramarins et notamment le dossier de la Calédonie française. »
De quoi montrer une forme de raidissement sur la question de 2027 entre les marinistes et les troupes de Bardella ? Le registre tient, ce jeudi, plutôt de la litote et des fragments d’un discours cahoteux que du marivaudage léger.