« Réfugié scientifique » : ce que contient le premier texte déposé par Hollande à l’Assemblée
POLITIQUE – L’Assemblée nationale est un terrain de jeu que connaît bien François Hollande. Élu pour la première fois en 1988, il y a mené de nombreuses batailles, fait avancer plusieurs textes et pris la parole un nombre incalculable de fois. Mais depuis son retour en 2024, il est étrangement discret.
L’ancien chef de l’État vient de déposer sa première proposition de loi au bureau de l’Assemblée. Celle-ci prévoit la création d’un statut de « réfugié scientifique » pour les chercheurs contraints de prendre le chemin de l’exil « à cause de conflits armés, de régimes autoritaires, de persécutions liées à leurs travaux de recherche ou à leurs opinions ».
Une décision prise en écho au départ massif de scientifiques américains, qui fuient leur pays en raison du climat de terreur installé par Donald Trump : coupes budgétaires, licenciements, bannissement de certains sujets d’étude, atteintes aux libertés académiques…
Le texte rédigé par François Hollande, et consulté par le HuffPost, contient un article unique qui entend offrir « un traitement plus rapide et efficace » du dossier des chercheurs qui demanderaient l’asile en France. « Leur intégration dans les laboratoires et les universités contribuerait à l’innovation, à la recherche appliquée et à la diplomatie scientifique », anticipe le député socialiste de la Corrèze. Ce statut nouveau pourrait s’inspirer de ce qui se fait pour les réfugiés climatiques, ou « pour les journalistes et les opposants politiques ».
« L’image d’un pays qui accueille les scientifiques »
« Au-delà du geste », l’ancien Président compte redorer le blason de la France, en donnant « l’image d’un pays qui accueille les scientifiques », notamment dans des domaines particulièrement attaqués par l’internationale réactionnaire à l’œuvre aujourd’hui, comme « le climat et la santé ».
François Hollande se place dans un schéma mondial très ouvert. « Nous ne sommes pas les seuls à vouloir attirer ces talents », assure-t-il, citant la Chine « qui fait des efforts considérables pour faire revenir » de nombreux chercheurs partis s’installer aux États-Unis, mais également le Royaume-Uni ou l’Allemagne. Il avait signé une tribune en ce sens dans Libération le 11 avril, aux côtés du président de l’université d’Aix-Marseille Éric Berton.
75 % des chercheurs américains sur le départ ?
Des travaux menés par la prestigieuse revue scientifique Nature ont révélé que 75 % des chercheurs américains songeraient à quitter leur pays. Un chiffre abyssal, qui montre l’étendue du désenchantement et des doutes qui assaillent désormais les scientifiques.
La question est maintenant de savoir si le texte va pouvoir être adopté par l’Assemblée nationale. Il y a quelques jours, le député ex-LFI François Ruffin défendait exactement la même idée, avec « un grand plan d’accueil des réfugiés scientifiques américains » en France. Des convergences sont possibles.
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