Politique

Restera, restera pas ? Avant la fin du remaniement, le casse-tête Oudéa-Castéra

POLITIQUE – Restera, restera pas ? Le maintien de la ministre de l’Éducation et des Sports Amélie Oudéa-Castéra à son poste interroge au sommet de l’État alors que l’exécutif s’apprête à nommer en cette deuxième semaine de février – « lundi ou mardi », selon un conseiller de l’exécutif à l’AFP – un nouveau « pack » de ministres pour compléter le gouvernement de Gabriel Attal annoncé le 11 janvier.

C’est peu dire que la ministre de l’Éducation nationale a raté sa rentrée. Moins d’un mois après sa nomination rue de Grenelle, se sont succédé : une polémique en lien avec l’école privée catholique Stanislas et le contournement de Parcoursup, des révélations sur son salaire à la tête de la Fédération française de tennis, une grève des enseignants le 1er février où ses déclarations ont ajouté à la crispation et enfin la démission du recteur de l’académie de Paris après un désaccord avec un de ses arbitrages…

Malgré cette énumération pesante, Amélie Oudéa-Castéra « a la confiance » d’Emmanuel Macron et de Gabriel Attal, a assuré ce dimanche 4 février la ministre chargée des Relations avec le Parlement, Marie Lebec. La locataire de la rue de Grenelle « a porté avec beaucoup de succès la préparation des Jeux olympiques. Donc je crois que l’important aujourd’hui, c’est d’avancer et de répondre à ce que nous demandent les enseignants », et ce « au-delà de la question de la personne », a ainsi affirmé sa collègue du gouvernement sur France 3.

« La grande majorité des députés Renaissance l’ont lâchée »

Au sein du gouvernement et de la majorité néanmoins, l’embarras est pourtant bien perceptible. Interrogée par Sud Radio le 1er février sur la légitimité de la ministre à défendre l’école publique et la mixité scolaire, la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot a fait valoir qu’il s’agit de « choix de la mère de famille, pas de la ministre ». Mais elle, en tant que mère de famille, n’a pas fait les mêmes, s’est-elle empressée de nuancer. Sur franceinfo deux jours plus tard, le président de la Commission des Lois Sacha Houlié esquivait lui aussi. « La question ce n’est pas les personnes, mais surtout l’ambition que nous défendons. »

Au Parlement, « la grande majorité des députés (Renaissance) l’ont lâchée et pensent que c’est fini », rapporte à l’AFP un élu du parti présidentiel. Avant de nuancer quant à la finalité de l’affaire, assurant que « la psychologie » du président sur ce sujet reste « insondable ».

« Il est impensable qu’il y ait un ministre délégué à l’Éducation, ça voudrait vraiment dire qu’elle reste pour rester », et si on lui adjoint un ministre aux Sports, « ça signifie que ce qu’elle aime et ce qu’elle sait le mieux faire ne sera pas traité directement par elle », souligne un ancien ministre à l’AFP. Avant d’en conclure : « Elle vit un enfer ».

Sur le plateau de la matinale de TF1 vendredi 2 février, Amélie Oudéa-Castéra a indiqué qu’elle « ne songe pas à démissionner ». Elle précise néanmoins de pas avoir eu de garanties du couple exécutif sur son maintien. « Rien n’est garanti, pour personne », élude-t-elle.

Les super-ministères partagés

Outre l’Éducation, l’exécutif prépare la nomination d’au maximum 15 ministres délégués et secrétaires d’État afin de suppléer les titulaires qui ont des portefeuilles très larges, à l’image de Catherine Vautrin (Travail, Santé et Solidarités), ou Christophe Béchu (Transition écologique et Cohésion des territoires, en plus d’avoir sous sa coupe le Logement et les Transports).

Catherine Vautrin a d’ailleurs confirmé dans L’Union samedi qu’elle aurait des ministres délégués, sans plus de précisions. À Bercy, les quatre sortants Roland Lescure (Industrie), Jean-Noël Barrot (Numérique), Olivia Grégoire (PME), et Thomas Cazenave (Budget), sont confiants dans leur maintien, selon des sources ministérielles, d’autant que leur ministre de tutelle Bruno Le Maire plaide pour « la stabilité ».

« Les ministres qui ont une liste d’attributions longue comme le bras, ne peuvent gérer que les priorités, donc on attend avec impatience » les ministres délégués, note un député de la majorité, qui déplore ne plus avoir d’interlocuteur sur ses sujets et voudrait néanmoins « avancer ».

Christophe Béchu a défendu, à l’inverse, ce dimanche, les bienfaits d’une équipe gouvernementale « resserrée », qui permet « d’être plus agile » dans les réponses à apporter, prenant pour exemple la crise agricole. Même si, admet l’élu Horizons, « tout compte » dans les remaniements : « les équilibres géographiques, politiques, la répartition des postes ». Face à un gouvernement qui penche à droite, le porte-parole du groupe MoDem Erwan Balanant souhaite, lui, « qu’on rééquilibre, ne serait-ce que pour l’intérêt de la majorité ». « Je juge les gens pour ce qu’ils font et pas ce qu’ils sont », assure de son côté Sacha Houlié, une des figures de l’aile gauche de la Macronie. Avant de lâcher, cryptique, « c’est toujours utile de savoir de là où on vient ».

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