Retailleau met la pression sur Borne après cette décision de justice sur le lycée Averroès
POLITIQUE – Critiques à l’appel. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a dit tout le mal qu’il pense, ce jeudi 24 avril, de la décision de la justice administrative, la veille, de rétablir le contrat d’association entre l’État et le lycée musulman Averroès, résilié en décembre 2023 par la préfecture du Nord.
Cet établissement situé à Lille « est un bastion de l’entrisme islamiste », a estimé le locataire de la Place Beauvau, poussant sa collègue rue de Grenelle à presser le pas et à faire appel de la décision rendue par le tribunal. Pour l’heure, François Bayrou, comme Élisabeth Borne, sont semble-t-il tentés de temporiser.
« La ministre de l’Éducation nationale a indiqué qu’elle se réservait le droit de faire appel, bon. En ce qui me concerne je pense et je souhaite évidemment que ce soit le cas, que l’État fasse appel. Les faits sont graves », a ainsi claironné Bruno Retailleau, lors d’une visite dans les Bouches-du-Rhône, reprenant beaucoup des arguments battus en brèche par la justice la veille.
La justice réfute « l’existence de manquements graves au droit »
« On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l’argent des Français n’a rien à faire dans ce genre d’organisation », a-t-il ainsi expliqué, en citant entre autres des « manquements » financiers, le refus des contrôles diligentés (et l’ouverture des CDI par exemple) ou la « création d’un fichier avec les noms des inspecteurs de l’éducation nationale. »
Or, le tribunal administratif a expliqué dans un communiqué mercredi 23 avril avoir annulé la décision préfectorale (prise quand Gabriel Attal était à Matignon, Gérald Darmanin à l’Intérieur), parce qu’elle n’établissait pas « l’existence de manquements graves au droit » et que la procédure était « entachée d’irrégularités ».
Selon les juges, l’administration n’a pas « suffisamment démontré » le « manque de pluralisme culturel de la documentation accessible aux lycéens », le « caractère contraire aux valeurs de la République du cours d’éthique musulmane » ou encore « l’existence d’un système de financement illicite » reprochés à l’établissement. Soit, tout le fond du dossier. Certains manquements ont été démontrés, a reconnu le tribunal, tout en estimant qu’ils n’étaient pas suffisamment graves pour justifier la résiliation du contrat avec l’État.
Bayrou cherche « l’équilibre »
À l’époque, la décision du préfet du Nord reposait par exemple sur la mention, dans la bibliographie d’un cours d’éthique musulmane, d’un recueil de textes religieux contenant des commentaires prônant la peine de mort en cas d’apostasie ainsi que la ségrégation des sexes. Un livre qui n’a jamais été présent au sein de l’établissement, assurent les responsables d’Averroès, établissement fondé en 2003 et qui s’est distingué par d’excellents résultats scolaires.
Dans ce contexte, la réaction des principaux concernés se fait attendre. François Bayrou a ainsi réaffirmé son « respect de la justice administrative », tout en expliquant qu’il chercherait « le meilleur équilibre possible » dans les semaines à venir pour « éviter qu’il n’y ait des dérives » et qu’en même temps « le droit soit respecté ». Du Palois dans le texte.
Sur la même ligne, le ministère de l’Éducation nationale explique réfléchir encore avant de décider d’une riposte – ou non. Dans un communiqué publié mercredi soir, le ministère d’Élisabeth Borne dit « prendre acte » du jugement, tout en réaffirmant que « les griefs qui sont reprochés au lycée Averroès ont rompu la confiance entre les pouvoirs publics et l’établissement. » Ainsi, le ministère se réserve « la possibilité de faire appel », mais qu’« après analyse approfondie du jugement du tribunal administratif de Lille. » N’en déplaise à certains.
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