Sa « santé mentale dégradée », cette maire démissionne parce qu’elle est arrivée « au bout »
POLITIQUE – « Je me dois de prendre soin de moi. » La maire de Pibrac, une commune dans le département de la Haute-Garonne, démissionne et quitte également ses fonctions de conseillère communautaire. Elle l’annonce dans un communiqué publié jeudi 17 octobre en fin de soirée et livre un témoignage fort qui traduit le mal-être des élus locaux en France.
« La dégradation de ma santé mentale, entraînant une dégradation progressive de ma santé physique, ne me permet plus d’assurer ces fonctions avec le recul et l’énergie nécessaires », écrit ainsi Camille Pouponneau, « arrivée au bout de ce (qu’elle) pouvait endurer. » Dans ce texte, l’édile, élue sous les couleurs socialistes regrette tout à la fois son impuissance politique, la « déresponsabilisation progressive des citoyens », et le manque de considération globale pour les élus locaux.
« Malheureusement, je me sens aujourd’hui simple gestionnaire sans aucune marge de manœuvre, noyée sous le poids de règles étatiques rigides et de décisions intercommunales sur lesquelles il est difficile de peser », explique-t-elle notamment, regrettant ainsi de voir son quotidien consacré « à la maîtrise des déjections canines » plutôt « qu’à des projets structurants pour l’avenir de la commune. »
« Difficile de ne pas être amère »
Camille Pouponneau, engagée en politique depuis une dizaine d’années, comme le raconte France 3 Occitanie, a été élue conseillère départementale en 2015 avant de ravir la mairie de Pibrac (9 000 habitants) aux mains de la droite locale en 2020. Quatre ans plus tard, elle dénonce le manque de moyens qui pèse sur les collectivités locales, et évoque des marges de manœuvre toujours réduites face à « des situations réglementaires ubuesques qui nous limitent dans notre action. »
Sur un plan plus personnel, mais qui en dit long également sur la situation des élus locaux, la désormais ex-édile indique avoir « touché 1 127 euros d’indemnités » par mois, soit 80 % du Smic, pour 70 heures de travail par semaine. Elle explique également aborder sa reconversion professionnelle sans revenus, donc contrainte de s’inscrire pour percevoir le RSA.
« Au-delà du fait qu’il est difficile de ne pas être amère face à cette situation, je tenais à vous livrer ce fait afin que chacun prenne conscience que le profil d’une personne au RSA n’est peut-être pas un feignant profiteur », précise-t-elle.
Son témoignage est salué sur les réseaux sociaux par de nombreux dirigeants de son camp. Le président des sénateurs socialistes Patrick Kanner affiche ainsi son « soutien » à sa camarade, estimant que l’on « ne parle pas assez de la solitude de nos élus, de ce sentiment d’impuissance parfois, quand on ne nous donne pas les moyens de réaliser ce pour quoi on s’est engagés. »
La démission de Camille Pouponneau intervient quelques jours après celle du maire de Plussulien, Gilles Thomas, une petite commune des Côtes-d’Armor, qui dénonçait lui aussi un manque de moyens et de considération après 17 ans de mandat.
À voir également sur Le HuffPost :
La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous.