Sandrine Josso, droguée à son insu par un sénateur, pointe le silence de Larcher après son agression
POLITIQUE – « Il y a une gêne non ? » Sandrine Josso témoigne dans un documentaire diffusé par « Complément d’enquête », jeudi 19 juin, consacré aux affaires qui embarrassent le Sénat. La députée, droguée à son insu par le sénateur Joël Guerriau en novembre 2023, reproche notamment au président de la chambre haute, Gérard Larcher, de ne pas l’avoir personnellement soutenue.
« À aucun moment il ne m’a appelé, il ne m’a envoyé un petit mot », regrette ainsi l’élue du MoDem, engagée depuis contre la soumission chimique. « Tous m’ont envoyé un petit mot, Edouard Philippe (ancien Premier ministre et président du parti Horizons, dont était membre Joël Guerriau), Élisabeth Borne, Gabriel Attal… Pourquoi Gérard Larcher ne m’a jamais appelé ? », insiste-t-elle, dans ce témoignage.
Pour Sandrine Josso, le silence du ténor Les Républicains « dit des choses » et témoigne à tout le moins d’une certaine « gêne » au Palais du Luxembourg, maison secouée effectivement par une série d’affaires délicates et de scandales. L’émission de France 2 revient notamment sur des soupçons de chantage à la sextape ou de harcèlement au travail, en plus des accusations portées par la députée.
Pour rappel le parquet de Paris a requis un procès, en avril dernier, contre le sénateur centriste accusé, lors d’une soirée entre « amis politiques », d’avoir dilué de la MDMA à 91,1 % pure dans un verre de champagne afin de commettre une agression sexuelle.
Larcher a demandé la démission de Guerriau, en vain
« On trinque une fois, une deuxième fois, puis une troisième fois. Il se lève, va vers son variateur de lumière, il la met la lumière plus fort puis la baisse et prétexte des tours de magie. Je regarde ce qu’il fait dans la cuisine et là je le vois tenir dans la main un sachet blanc et je comprends ce qu’il se passe », relate de nouveau Sandrine Josso, dans un extrait publié par Complément d’enquête sur les réseaux sociaux.
Seule invitée chez Joël Guerriau ce soir-là, élu du même département qu’elle, elle en était ressortie avec 388 ng/ml d’ecstasy dans le sang, d’après les analyses toxicologiques dont l’AFP a eu connaissance. Une dose « approchant le double » de la quantité dite récréative. Ces analyses montraient aussi une absence de stupéfiants pendant les sept mois qui ont précédé cette soirée.
Dans ce dossier, l’absorption de drogue et ses effets délétères sur Sandrine Josso, qui souffre un an après d’un stress post-traumatique, ne semblent pas discutés. Tout l’enjeu repose sur l’intention. Joël Guerriau a constamment nié avoir agi volontairement, avançant notamment une « erreur de manipulation » des coupes de champagne. Mais pour le parquet, le produit stupéfiant a été placé dans le verre « à dessein ». Le ministère public souligne les déclarations « évolutives » du sénateur, et « pas cohérentes » pour « finalement expliquer s’être souvenu de la présence de la substance une fois celle-ci ingérée » par Sandrine Josso, « il n’alertera pas pour autant » la députée.
Depuis sa mise en examen, le parlementaire, placé sous contrôle judiciaire, n’est plus apparu dans l’hémicycle et a été suspendu de son parti Horizons et de son groupe parlementaire Les Indépendants-République et Territoires. Il a en revanche exclu de démissionner, malgré les demandes de Gérard Larcher, estimant en septembre 2024 « totalement injuste » de quitter ses fonctions alors que la justice n’avait pas encore « tranché. » Il continue donc de toucher une partie de ses indemnités.